Un peu de vague à l’âme au paradis
Écrit par Fabienne le 22/05/2022
Au soleil levant, ce matin du jeudi 19 mai, devant Rotoava à Fakarava nord, profitant d’une fenêtre de G4, j’ai tenté d’appeler les miens au sein de la mère patrie.
Ambre, toute animée d’une belle vitalité, m’a dit ses nombreux changements d’horaires annoncés tardivement. Elle doit une nouvelle fois rechanger tous ses plans.
Lionel est impacté depuis avant mon retour sur le Crazy Flavour, des vestiges d’un covid qui s’est attaché à lui en général et à ses poumons en particulier, ce qui le fatigue au quotidien, l’empêche de faire du sport pendant deux mois et ne lui permet pas de rejoindre son poste à l’armée à Davos. Je suis en soucis.
Papiche et Mamita sont affectés par les 34 degrés de température qui règnent actuellement à Sion. Tante Yvette ne sort pas de la maison et l’oncle Arthur a fait un malaise au restaurant.
Mamita m’a confié qu’en ce moment le temps lui semble long et qu’elle s’ennuie du capitaine et de la vice-capitaine du Crazy.
Eh bien, pour le cas ou vous l’ignoreriez, à moi aussi vous me manquez et j’aimerais que vous soyez auprès de Vincent et moi pour vous faire partager toutes les beautés de cet archipel des Tuamotu que nous découvrons et notamment celles de son monde sous-marin, même si Ambre et Mamita ne raffoleraient pas de la proximité avec les requins.
Alors que je m’attelais à la manœuvre de la levée de l’ancre à la proue du bateau, le guindeau a fait des siennes. Il a tendance à faire des caprices en ce moment. Il a refusé tout net de poursuivre dans ses efforts pour nous remonter l’ancre à bord. Il a fallu vérifier les fusibles, démonter le guindeau, le graisser et le faire tourner mécaniquement. Thierry, alias Mister Service technique comme l’appellent ses enfants, a finalement eu raison de sa résistance et la machinerie est repartie. Soudainement, sur un coup de tête, l’ancre a décidé de rebrousser chemin et de replonger dans l’eau à toute vitesse. Un grand moment de frayeur pour que personne n’y ait laissé un orteil, un doigt. Ouf ! On a recommencé l’opération et on l’a réussie jusqu’au bout. Nous voilà enfin partis à 10h pour être à temps pour sortir de la passe Garue et arriver à temps dans la passe Otugi de l’atoll Toau. Chantal relate l’incident dans le livre de bord et Claude aide à hisser la grande voile et le gênois.
Un petit café pour nous remettre de nos émotions avant de vivre un maelstrom non émotionnel, mais dans la réalité maritime en franchissant la passe.
Puisque nous sommes au niveau émotionnel, je vous raconte encore que nous avons allumé un feu sur la plage de Hirifa le dimanche 15 au soir et que nous y avons dîné avec des plats préparés sur chacun des bateaux du Glywoo présents ainsi que par les membres du club de kite-surf. Nous avons grillé des saucisses et du poisson. Après avoir réitéré un picoulet géant et remercié par une danse tribale les éléments, nous avons regagné nos bateaux au moyen de nos dinghys, sous le regard goguenard des requins présents dans la baie et dont nous apercevions les ombres dans l’eau. C’était pleine lune.
Le lendemain soir, nous avons convié les membres de Loly à bord ainsi que ceux D’impossible pour une veillée de chansons et de musique. Chantal et Pierre chantent dans un chœur de gospel, Claude et Thierry adorent chanter et nous aussi. Vous connaissez toutes et tous déjà les talents d’artiste de Geneviève et d’Etienne qui étaient accompagnés par Pascal à la guitare, Mathieu à l’accordéon et leurs épouses Antoinette et Dorothée aux voix divines. Enfin Valentine et Sébastien se sont révélés de véritables talents. Qui sait si l’un de nous ne va pas se présenter au casting de The Voice à la rentrée.
C’était une soirée toute simple, mais dense, remplie de générosité et de joie pour célébrer la vie et l’amitié, pour remercier Dieu, le ciel, l’eau, que sais-je pour cette belle aventure.
Nos chants étaient joyeux, puissants et dégageaient une belle énergie dans cette baie des Tuamotu comme celle que nous avons partagée souvent en montagne en chantant le répertoire des cahiers de Bernard Mariéthoz avec Jean Blanc et Gaston Gillioz, nos amis désormais disparus. De douces pensées pour vous où que vous soyez.
Nous avons fêté le 17 mai la dernière année de Claude avant d’entamer sa soixantaine dans le petit snack de Rotoava. Promesse tenue envers les enfants Bretton. Leur père a eu bien du mal pour dénicher un restaurant. Ceux-ci ne sont ouverts généralement que les fins de semaine et encore…Celui-là était modeste, mais sympa et illuminé par le sourire de la serveuse Poe.
Ce fut une chouette soirée, chaleureuse, de beaux moments partagés en commun avec Pierre et Chantal avec lesquels les Bretton aiment notamment marcher en montagne. Nous avons offert des bijoux artisanaux achetés aux Marquises à notre jubilaire.
Une partie des deux dernières journées a été passée par Sébastien, escorté par Vincent à plonger avec bouteilles pour aider Inky blue à colmater les trois gros trous qu’il a fait dans sa coque en heurtant une balise destinée à signaler les patates dans les passes.
Quelle solidarité dans ce Glywoo, car Saga et Great Circle ont sécurisé le périmètre et escorté le bateau endommagé jusqu’au quai de Rotoava. 2 Canoes en particulier qui avait un produit de colmatage très efficace et tous les bateaux de la flotte ont fourni du matériel de réparations. Maxime de Vitia a rempli les bouteilles de plongée de Seb et de Vince après leurs interventions. Tout le monde s’est mobilisé pour que Inky blue puisse regagner Tahiti et se faire réparer après les travaux provisoires effectués pour lui permettre de naviguer et d’arrêter de prendre l’eau.
Leçon pour nous tous : Il faut rester attentifs et concentrés dans ces eaux remplies de patates et de récifs coralliens pour ne pas s’empaler.
Au prochain épisode, je vous raconte la culture de la perle polynésienne, car nous avons visité deux fermes perlières à ce jour.
Je ne résiste pas à vous narrer une anecdote. Il faut toujours s’exprimer de manière directe avec un polynésien ou une polynésienne. Si vous dîtes : bonjour, je cherche le chemin pour aller à tel endroit, eh bien personne ne vous répondra. Vous pouvez continuer de chercher. Il faut dire : Où se trouve l’endroit, pour espérer obtenir une réponse, mais de toute façon, vous n’obtiendrez jamais d’indication claire et précise comme nous Européens les souhaitons.
C’est ainsi qu’un jour, j’entre dans un snack et oubliant cette règle fondamentale, je demande avec le tutoiement de rigueur : Puis-je t’emprunter les toilettes ?
La serveuse m’a regardée avec des yeux désespérés dans lesquels j’ai pu voir le reflet de Fabienne lui emportant ses toilettes au loin, ce qui m’a permis de me ressaisir et de lui demander : puis-je aller aux toilettes, ce à quoi elle a répondu par l’affirmative, visiblement soulagée.
Simples et directes désormais mes questions.
Je vous laisse.
Nous arrivons devant la passe de Toau.
J’ai moins de spleen de vous avoir écrit.