Un mois avant le départ
Écrit par Fabienne le 28/08/2021
Rien ne me prédestinait à être un jour à un mois de prendre le large pour une odyssée de plus d’un an en mer aux côtés de Vincent.
Je suis d'origine valaisanne. J'aime être ancrée au sol, parcourir nos belles montagnes et forêts, observer les marmottes et les bouquetins, me délecter des couleurs des prés fleuris en été et de l'odeur des mélèzes centenaires lorsqu'ils se sont teintés de rouge en automne.
Je me régale de glisser sur les pentes enneigées, de me promener sur les bisses, tout ce que je vais bientôt quitter.
Par amour pour Vincent, pour lui permettre de réaliser son rêve, me voilà à trente jours de m'embarquer sur le Crazy Flavour pour si longtemps et si aventureusement sur l'eau.
L'eau, je n'avais à vingt ans qu'un permis" lac- moteur "pour me permettre de tirer la famille en ski nautique et en wake board sur le Léman.
Je ne regardais les voiliers qu'avec indifférence en pensant que c'était un truc tranquille, de vieux...
J'ai été testée par Vincent dès le début de notre rencontre pour savoir si j'étais" voilier compatible".Par chance, je n'ai le mal de mer en aucune circonstance. Je peux lire dans ma cabine par tous les temps. Je reste active quand la tempête se lève et je ne semble pas paniquer, alors qu'une fois l'adrénaline retombée, je fais des cauchemars...Je ne demande plus non plus au milieu d'un fort coup de vent si on ne peut pas se "parquer" quelque part. J'ai appris quelques fondamentaux, dont le vocabulaire marin qui sonnait à mes oreilles comme une langue étrangère.
Les premières épreuves passées apparemment avec succès, Vincent m'a considérée comme un mousse aqua compatible.
Nos vacances se sont succédées les hivers en montagne et les étés en mer.
En flottille tout d'abord avec nos deux tout jeunes Lionel et Ambre, puis seuls sur divers types de bateaux avec nos enfants et d'autres neveux et nièces, nous avons navigué dans toutes les eaux de la Méditerrannée.
Rapidement, j'ai découvert que l'on pouvait naviguer plus confortablement et pour moi de manière plus détendue sur un catamaran, plutôt que sur un monocoque.
Les enfants peuvent jouer à plat, sans que je doive les tenir sous mes deux ailes protectrices pendant les navigations. Je peux aussi contempler la mer pendant que je cuisine ou que je fais la vaisselle, sans être au fond du bateau sans panorama et sans être au coeur de l'action.
Vincent s'est laissé convaincre pour un catamaran. C’était la condition sine qua none s'il voulait m'avoir à bord pour ce périple.
Lui cherchait la performance et le plaisir, moi la sécurité et le confort.
Après de multiples tests pendant les vacances et des visites lors de salons navals, notre choix s'est porté sur un Outremer 51.
Une fois ce type de voilier essayé, c'était l'adopter. Il restait à trouver le bateau qui serait le nôtre.