Tahiti suite, par Fabienne
Écrit par Vincent le 23/06/2022
Tahiti Iti et la Vague de Teahupoo
Cette presqu’île est un petit joyau de 230 km2.
Deux voies côtières permettent de la parcourir. Elles ne se rejoignent pas. Un chemin escarpé relie toutefois les falaises de Tautira à Teahupoo.
C’est vraisemblablement un lieu plus authentique que Papeete et ses environs, plus semblable à la Tahiti d’antan, paisible et rurale qui s’offre ce matin à notre voiture de location lorsque nous partons à sa découverte.
Au volant du bolide Sébastien, copilote Vincent, passagères arrière Valentine et moi. Nous empruntons la route sud qui longe son littoral. En route pour l’un de mes rêves : la Vague de Teahupoo.
Nous roulons tout au bout de la route de Tahiti Iti. Teahupooc’est un petit coin perdu, un village de quelques maisons, mais célèbre dans le monde entier pour la Vague, cette « mâchoire » d’eau redoutable, pour son épaisseur, sa masse volumineuse d’eau, une périlleuse vague de passe dans laquelle ne peuvent se mesurer que les véritables as du surf, les meilleurs au monde. Une fois par an en août a lieu le Tahiti pro, l’une des principales épreuves du championnat du monde de surf.
Nous avons réservé Taxi Coco pour nous emmener de bon matin en semi-rigide motorisé au-delà de la passe, là où se casse la Vague. Notre chauffeur est un Polynésien à la carrure d’un guerrier des Marquises, un peu plus ventru peut-être. Il lance ses chevaux à toute allure. Cheveux au vent, nous nous cramponnons. Il a mis de la musique à fond, genre reggae. Je sens l’adrénaline monter. Nous nous arrêtons sur une ligne d’eau imaginaire, contrôlée par des vigiles en jet ski. Par chance, il y a une compétition ce jour-là entre l’équipe de France de surf et les surfeurs de Polynésie. La Vague n’est pas très haute ce matin : 2m, mais il y a de quoi se régaler.
J’hallucine : un des arbitres est debout dans l’eau qui ne lui monte même pas jusqu’aux genoux. J’imagine les surfeurs tomber dans ces récifs coralliens et en ressortir tout pelés…aie !
Le ballet commence. L’eau se casse, elle roule sur elle-même,la Vague se forme. Elle se dresse majestueuse, elle ruisselle d’écume et rugit. Un surfeur, tapi sur sa planche s’élance. D’un coup de rein, il s’est dressé et il commence à danser au sommet de la Vague, entouré des cristaux d’écume qui l’éclaboussent. Un mouvement à droite, un mouvement à gauche. Il taquine la vague. C’est à la fois puissant et gracieux. Il continue jusqu’à ce que celle-ci se meure et il se laisse à son tour descendre dans les flots. C’est sublime. Je suis fascinée par ce spectacle. Je renonce à prendre des photos ou une vidéo pour ne pas perdre une miette de ce que mes yeux voient. Un autre concurrent s’élance, puis c’est au tour d’une femme. Une championne. Je retiens mon souffle. C’est sublime. Je ne parle plus, je n’entends plus rien. Je suis concentrée et je ne veux rien oublier de ces instants magiques. C’est un exploit sportif, une discipline mentale, un art de vivre et de respecter la Nature, ici l’océan et la houle. Chaque concurrent a droit à 25 minutes et à trois vagues. La moyenne des deux meilleures vagues surfées les départage.
Taxi Coco me tire de ma fascination et m’annonce qu’il est l’heure pour nous de rentrer. J’aurais pu y passer la journée, en plein soleil…
Nous voyons quelques jours plus tard au journal télévisé tahitien qu’un bateau avec des passagers qui comme nous sont allés dans un bateau taxi sur la passe ont vu leur embarcation se retourner sur une vague de 7 mètres. Merci taxi Coco d’avoir été plus prudent et avisé. Nous apprenons aussi que la plus haute vague surfée à ce jour est de 26 mètres…mais pas à Teahupoo.
Nous piqueniquons ensuite sur le bout d’herbe qui termine la route du village et nous essayons encore de contempler les surfeurs qui inlassablement assis ou couchés sur leur planche observent l’océan, devinent la vague en préparation et décident ou non de s’élancer. Et chaque fois le ballet reprend.
Dans l’après-midi, nous reprenons le chemin retour pour la marina Taina où sont amarrés nos bateaux Impossible et Crazyflavour. Nos yeux sont encore plein de belles images. Nous prenons de succulents cafés et desserts au restaurant Terre et mer, adresse réputée de la région.
Un autre jour nous repartons à la découverte de Tahiti-Iti.
Nous nous arrêtons tout d’abord au marae de Paea qui atteste de l’importance de ce territoire recouvrant trois chefferies anciennes. C’est vraisemblablement dans l’une de celle-ci que Cook en 1777 assista à un sacrifice humain. A l’époque, comme aux Marquises, on mange son voisin, non pas par faim, mais pour obtenir son mana, c’est-à-dire son pouvoir, sa force. Attention à ne pas avoir trop de charisme par ici. Vous voilà avertis !
Nous parcourons en quelques pas le marae Taata, puis nous dirigeons vers le marae Arahurahu. Il s’agit d’une vaste clairière qui comprend quelques tikis de pierre ainsi que de bois, les restes d’une hutte traditionnelle, puis le marae lui-même. Selon la légende, le lieu doit son nom à un guerrier dont les cendres (‘arahu) y furent déposées par le chef spirituel (ari’i) de la vallée. Non ce n’était pas Olivier Hari.
C’est ici que se déroulent encore de nos jours les reconstitutions de cérémonies anciennes lors des fêtes du Heiva qui ont lieu en juillet. Une des traditions est la marche sur le feu. La tradition du umu ti fait l’objet d’un rituel long et précis. La date est établie selon le calendrier lunaire polynésien et les pierres volcaniques sont toutes soigneusement choisies. Une grande fosse est ensuite creusée, les pierres volcaniques sélectionnées y sont déposées, puis recouvertes de bois et de palmes de cocotiers. Le prêtre allume le feu. Il faut environ un à deux jours pour obtenir la température idéale. Le soir de la cérémonie, le prêtre accomplit des incantations et ouvre la marche en traversant la fosse de pierres volcaniques. La population peut participer et marcher à sa suite pour se purifier l’âme et le corps. Pas sûre que je m’y risque, même en autohypnose.
Depuis ce lieu serpente un sentier le long de la rivière Vaipoequi amène à une cascade. Nous devons renoncer à l’atteindrepour épargner trop d’efforts à Vincent encore convalescent et pour mettre Valentine à l’abri d’une attaque de moustiques.
Nous nous rendons également au jardin botanique Harrison Smith, du nom de ce passionné de botanique qui rapporta quantité d’espèces tropicales de ses voyages. Il les mêla aux plantes indigènes pour créer un superbe domaine de 18 hectares qu’il légua et offrit au domaine public en 1919. On dénombre plus de 450 espèces, la plupart acclimatées comme le pamplemoussier, (les meilleurs au monde sont les pamplemousses des Marquises) et le ramboutan. Nous nous baladons pendant plus d’une heure dans les forêts de bambous ainsi qu’au bord des étangs aux nénuphars roses, blancs et violets, émerveillés par les racines des banians géants et des opuhi géants. Un tableau végétal enchanteur.
Nous assistons à un spectacle de danse des écoles de danse de Papeete qui se sont préparées toute l’année pour s’affronter lors des épreuves du Heiva qui vont débuter en juillet.
Nous voyons se produire deux écoles différentes ce soir-là. La danse traditionnelle est assurément une manifestation de l’esprit collectif polynésien. Ce dernier s’exprime dans le pupu, groupe de 20 à 100 danseurs. L’ensemble visuel est impressionnant. Sur scène, le pupu est un corps vivant qui se compose, se décompose et se reforme en vagues, en alignements, en cercles et en étoiles.
La danse a une fonction rituelle et une charge érotique. Les gestes et mouvements de base se sont perpétués. Ils répondent à un rythme plus ou moins naturel comme celui des pagaies frappant l’eau ou du battoir façonnant le tapa. Les costumes sont superbes. En fleurs, en végétation et en tissus colorés. Il y a des participantes de tous les âges, en passant de l’enfance à l’adolescence, à l’été de la vie, voire même à l’automne de celle-ci. Il n’y a que des danseuses. Même les danseuses plus voluptueuses sont mises en exergue et point du tout dissimulées. Les hommes sont relégués aux instruments de musique.
Le mouvement est grâcieux, envoutant et le tout revêt un charme fou. Le spectacle est authentique. Le public est polynésien. Ce sont les familles des danseuses qui sont présentes, leurs maris, leurs amis. Les cris des supporters fusent.
Nous allons ensuite dîner dans les roulottes sur la place Vaieteavec les copains du Glywoo qui ont assisté aussi au spectacle.
Je suis tellement enchantée par la danse tahitienne que je demande à Luc qui a beaucoup d’amis à Tahiti de me procurer le numéro de téléphone d’une professeure de danse. Valentine d’Impossible et Marie-Laure de Chaps sont partantes.
La prof est trouvée et elle débarque à la marina Taina avec quatre amies. Le cours doit avoir lieu dans le carré du Crazy. Elles ne sont que deux à oser monter sur la planche qui nous permet d’accéder au bateau tant la houle est forte. Ouf la prof a osé ! Nous, les trois voileuses n’avons plus de problème. Nous le faisons depuis tellement de jours.
Nous apprenons les quatre pas de base du tamure, danse au cours de laquelle la femme se déhanche parfois dans un rythme endiablé.
Mahana nous apprend deux chorégraphies : une danse traditionnelle rapide Otea Tamure Lagon et une autre plus moderne et amusante, Fakalufilufi.
Nous nous amusons beaucoup. Mahana nous coache, son amie nous filme et corrige nos positions. Nous sommes en sueur, car cette danse est très cardio et nous fait fléchir les genoux, tourner sur les pieds, étirer les muscles des cuisses et travailler les mollets. Bonne préparation pour le …ski. La houle nous aide à tanguer et chavirer.
Nous convenons enchantées de reprendre un cours le lendemain. Cathy, Yannick et son amie Christine demandent à se joindre à nous.
Vu que la houle est toujours aussi forte et vu le nombre de participantes, je prends la décision de suivre le cours à quai, dans le périmètre de la capitainerie. Nous le faisons à l’étage qui surplombe toute la marina. Il est 17h et nous assistons pendant le cours au coucher du soleil. Nous échappons aussi aux regards de nos maris et autres curieux qui voudraient bien nous voir. Marie-Laure a eu la délicate attention de nous offrir des paréos dans nos teintes préférées et des couronnes de fleurs assorties. Au final, comme nous sommes toutes férues de danses, le résultat n’est pas trop mal et la prof nous demande si nous allons nous produire devant la flotte, ce que Luc aimerait bien. Vu que la décision doit être unanime, nous déclinons.
Dans tous les cas, c’était un chouette moment d’échange culturel et entre filles partagé autour de la danse. Mahamanous apprend aussi plusieurs manières de nouer un paréo. Bye chère amie tahitienne. Merci de nous avoir fait découvrir ton art ancestral et de nous avoir fait partager ton sourire et ta bonne humeur.
C’est dimanche matin. Les Chaps m’emmènent à la messe à la cathédrale de Papeete, Notre- Dame ou l’Immaculée Conception. Le dimanche précédent, j’avais pu y attirer Vincent ainsi que Valentine et Sébastien sous prétexte socioethnique. Cette fois, je n’essaie même pas de les convaincre. L’argument a déjà été utilisé. La première messe a lieu à 5h30, soit un peu tôt. La seconde est à 8h. Elle nous convient mieux. Arnault nous conduit jusqu’au centre -ville. La construction du bâtiment a été entreprise en 1869 et les travaux ont été achevés en 1875. Sa dernière restauration date de 2004. De taille plutôt modeste, 40 m sur 15 m, elle éclate de joie sous sa belle couleur jaune en façade. Elle est construite en dalles de corail de Mangareva et en basalthed’Arue. Le curé titulaire est un quadragénaire, assez grand et mince, qui ressemble à Jésus-Christ super star. Il a les cheveux longs bouclés, un peu châtains aux reflets cuivrés. Il porte une barbe courte de la même couleur et a un regard très doux. Lorsqu’il commence la liturgie, je tressaille à la portée de sa voix de stentor. Elle est forte, profonde et porte. Il pourrait incarner Cyrano de Bergerac. Je le vois sur une scène. Je comprends ensuite qu’il n’a pas de micro là où il est et que ce ton énergique est pour nous éveiller vu l’heure matinale et vu l’âge de certains de ses fidèles qui pourraient connaître des problèmes de surdité. A l’heure de l’homélie, je tremble. Va-t-il être aussi rude que l’affreux évêque des Marquises et faire pleurer ses ouailles ? Que nenni, il est doux comme un agneau et parle avec amour et respect. Il me réconcilie par deux fois avec l’Eglise polynésienne. La messe s’allonge. Deux enfants sont des nouveaux communiants. Un diacre est nommé. Son épouse est également mise à l’honneur. Tous deux reçoivent colliers et couronnes de fleurs ainsi que messages de remerciements. Nous entamons une procession finale autour de la cathédrale. Les chants sont magnifiques en tahitien et les voix sont superbes. Ici, pas d’accompagnement de yuculeleréservés aux bringues familiales ou entre amis. Nous finissons par un chant pour la fête des pères.
Ensuite, c’est l’initiation à la peinture sur sable avec Sylvie, une sympathique française établie à Papeete, qui sait tout faireavec ses doigts et décline tout l’artisanat tahitien, le pliage du paréo, le tressage de chapeaux et de couronnes de fleurs, le crochet, etc. Pour mon initiation à la peinture sur sable, il faut choisir un dessin du catalogue polynésien et le décalquer une première fois sur une feuille blanche. Le reproduire ensuite sur du papier auto-collant. Découper avec un poinceau les motifs du dessin. Enlever le collant de l’endroit où il faut apposer un sable blanc ou noir. Soupoudrer ensuite du sable choisi la surface découpée au poinceau et décollée. Nettoyer le dessin avec un petit pinceau et recommencer. J’ai choisi un motif alambiqué et trop ambitieux pour une débutante et Sylvie ne m’a pas prévenue. Il fait chaud, c’est trop délicat, long et minutieux, je n’ai aucune patience. Sylvie est souriante et imperturbable. Je dégouline et j’ai envie de renverser même le magnifique sable noir de la pointe Vénus. Ouf, il est midi et je suis délivrée par le fait que nous allons, Vincent et moi, déjeuner à la Casa Bianca avec Jorg et Astrid de Jams. Je crois que si j’avais dû achever mon tableau, cela n’aurait pas été avant le coucher du soleil et que dans l’intervalle, j’aurai succombé à une insolation.
Valentine a réalisé une œuvre magnifique représentant une raie et Marie-Laure une œuvre également très réussie d’une tahitienne assise sur le sol.
Mes amies ont du talent et se promettent de recommencer à bord avec le matériel que leur prête aimablement Sylvie. Vous l’avez compris, cela ne sera pas mon cas. Merci Sylvie pour ton savoir-faire, ta gentillesse, ta patience et ton enthousiasme.
Le lundi 20 juin, Vincent qui vient de passer un scannervendredi, a un rendez-vous chez une pneumologue pour un bilan de santé. Tout semble est rentré dans l’ordre, sauf une bulle liquide résiduelle, qui s’est enkystée, à surveiller. Un nouveau scanner sera nécessaire en septembre. Mon mari est toujours assez fatigué et ressent de temps à autre des contractions de son cœur, pas seulement lorsqu’il me voit en Tahitienne. La pneumologue se veut rassurante. Je ne suis pour ma part pas tout à fait rassurée, mais mon Capitaine souhaite reprendre l’océan dès demain et mettre le cap sur Mooréa. Pas de problème, j’obtempère, mais en profite pour être nommée vice-amirale, commandante en cheffe ad intérim et solliciter une augmentation de salaire.
L’après-midi, Victor et Luc viennent en voiture nous chercher à la marina Taina et nous emmènent à Papeete avec les équipages de Chaps et d’Impossible. Nous grimpons dans un bus antédiluvien et peu propret avec les membres du Glywooqui sont amarrés à la marina de Papeete. Nous grimpons jusqu’au restaurant Belvédère qui domine toute la baie à 600m d’altitude, qui a été privatisé ce jour-là pour nous. Nous embarquons bien entendu Antoine Hostettler, arrivé la veille suite à ses examens de pharmacie et qui est en plein décalage horaire.
Le point de vue est fantastique sur Papeete et sur Mooréa.
La construction de bois s’étale sur plusieurs niveaux et a beaucoup de charme. Valentine et moi participons avec Cathy de Vitamine, Sylvie de Salavida et Bénédicte de Saga à une partie de volley dans l’eau. Inévitablement, j’envoie la première balle hors de la piscine dont l’eau nous parait très froide après l’océan, dans la vallée. Après avoir récupéré la balle, la partie reprend, mais est à nouveau interrompue par une seconde balle tirée hors cadre par une autre joueuse et ainsi de suite. J ’y renonce et paresse un bout de temps sur une chaise longue avant d’aller jouer au baby-foot contre Antoine. Je suis bientôt rejointe par Arnaut, marin sur Akaora, qui vient me prêter main forte, alors que Claude de Vitamine fait alliance avec Antoine. Ce dernier joue bien, mais Claude est un as de la discipline et nous fiche trois râcléees consécutives, malgré les efforts désespérés d’Arnaut pour remonter au score. Vincent tient salon avec tout le monde. D’aucuns jouent au billard et aux fléchettes. Le soir, le repas tient en un choix : fondue savoyarde ou bourguignonne. Vincent et Antoine ont opté pour le fromage. Pour ma part, la fondue n’étant pas suisse, j’ai choisi d’être carnivore.
Tout est délicieux et l’ambiance est de même. L’équipe de techniciens d’Outremer nous a rejoint pour partager le repas.
A la fin du repas, Luc et Victor remettent deux trophées bien mérités. Le premier à Andréa et Olmo, équipage de Cachalot pour avoir pris la route sud suivie par Magellan et s’être rendus au nord du cap Horn avant de nous rejoindre à nouveau aux Marquises. L’autre trophée est décerné à Valentine et Sébastien, d’Impossible pour leur sens de la solidarité et leur bienveillance envers autrui jamais prise en défaut. Ils ont permis à Inky blue de se renflouer en allant en plongée colmater les trous de sa coque et lui permettre de naviguer jusqu’au chantier à Papeete et à Vincent d’être sauvé par leur intervention auprès de lui et pour avoir escorté le Crazy en équipage réduit jusqu’à bon port. Nos chers amis sont tout émus et nous aussi. Une standing ovation a lieu. Le patron du restaurant passe derrière les platines et la musique retentit. Je m’élance sur la piste pieds nus. Toute la tension de ces derniers jours me quitte et je danse pour célébrer la vie, Tahiti mon rêve et oublier ma crazy frayeur pour Vincent, les soucis de santé de mon père. Je danse sans m’arrêter. Je suis comme en transes. Ceux et celles qui ne me connaissent pas bien découvrent une autre Fabienne, pas la juge qui parait si sage, si tranquille et dit-on équilibrée.
Les trois petits-enfants de Dominique et Véronique, qui sont beaux et adorables, n’en reviennent pas. Margaux veut danser comme moi et fait tournoyer sa jupe. Elle connait tous les rudiments de la danse tahitienne.
Gaspard, le benjamin a déniché une grosse araignée dans une malle aux trésors et la brandit vers les invités. Arthur, l’aîné, a trouvé des perruques de couleur et les passe à Vincent pour qu’ils les revêtent. Je ne sais pas si je préfère finalement mon époux avec les cheveux verts ou avec les cheveux roses. Entre les deux, mon cœur balance. Antoine, épuisé, s’est endormi sur sa chaise. De temps en temps, il ouvre un œil et sourit en murmurant. « C’est incroyable d’être à Tahiti. Désolé de dormir. C’est le décalage horaire. »
Nous avons pitié et nous le ramenons en bus, puis en voiture sur le Crazy. Il est tout de même minuit.
Demain, cap sur Mooréa, fini Tahiti mon rêve. Vive de nouvelles aventures !