Santa Cruz Galapagos

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Transition à Santa Cruz

 

Nous sommes depuis quelques jours à Santa Cruz. Au fait combien de Santa Cruz existent en terres hispaniques ? Cette appellation de Sainte Croix est très répandue dans la géographie de pays découverts/occupés par l’Espagne.

 

Santa Cruz est la capitale économique et démographique des Galápagos. C’est là que çà se passe aux Galápagos.

 

La preuve : le terminal des bateaux taxis comporte au moins 5 pontons pour desservir les passagers d’où qu’ils viennent. C’est beaucoup plus qu’à Cristobal où il y avait deux pontons. Et à Isabela, où il n’y en avait qu’un !

 

Autre preuve, la ville regorge de boutiques de bijoux, alors qu’il n’y en avait aucune dans les deux autres villes.

 

Enfin, les restaurants sont nombreux, divers et variés. Et la notion de service n’est pas la même qu’à Isabella ou nous avons par exemple attendu jusqu’à deux heures pour ne pas recevoir notre plat commandé. Une pizza à Isabella met environ 30 minutes pour être servie.

 

Bref entre le bout du monde et le chef lieu, il y a une différence que notre présence en ces trois lieux successivement permet de rapidement discerner.

 

Les Galápagos, beaucoup en rêvent. Qu’ils s’apprêtent à déchanter. Ce n’est ni fantastique ni vraiment dépaysant, mais un business bien rôdé. Chaque sortie d’une ville ou d’un village nécessite la présence d’un guide officiel. Et chaque expédition coûte quelques dizaines de dollars. Pour voir telle ou telle espèce endémique, animale ou végétale.

 

Certes, ces îles sont nées de volcans il y a entre 1.2 et 0.9 millions d’années. Certains volcans sont encore en activité, d’autres plus. Mais bon, les paysages volcaniques se ressemblent tous. Et les tunnels de lave sont un peu tous les mêmes.

 

Il est aussi vrai que cet archipel d’îles à l’écart des routes, loin des côtes d’Amérique et qui a accueilli des navires poussés malgré eux par les courants, était quasi intact et propice aux espèces dites endémiques.

 

Mais en réalité l’espèce humaine a passablement déjà dénaturé ce bijou biologique. Foisonnent ici de nombreuses vaches, chèvres et rats qui attaquent depuis des siècles le biotope d’origine. Seuls quelques lieux protégés continuent de montrer ce que ces îles étaient jusqu’à l’arrivée de l’homme.

 

Vous me direz: n’y voit-on pas moults types d’iguanes, de tortues et de divers oiseaux spéciaux ?

 

Certes, mais rien ne ressemble davantage à un iguane non endémique qu’un iguane endémique. Et pour les oiseaux, tout le monde s’extasie sur les pattes de couleur bleu ciel ou le jabot rouge vif de tel ou tel volatile. Mais c’est finalement assez banal.

 

Quant aux tortues, l’on comprend certes qu’elles sont gigantesques, pour certaines, et d’une longévité quasi biblique, soit parfois jusqu’à 160 ans. Mais leurs concurrentes sur l’île Maurice ou aux Seychelles sont en moyenne, plus imposantes.

 

Alors on se fait effectivement un frisson préhistorique en regardant ces animaux progresser lentement sous le poids de leur méga-carapace. Mais au fond, à part l’effet sur-dimensionné rien ne ressemble plus à une tortue qu’une autre tortue.

 

Les biologistes auront ma peau, c’est sûr, mais finalement, les Galápagos c’est surtout une rente de situation qui continue d’attirer des hordes de touristes qui rémunèrent plus du 80% de la population tournée directement ou indirectement vers le tourisme.

 

Voilà pour l’impression générale. Maintenant, cela n’empêche pas de trouver les locaux sympathiques et plutôt bon vivants.

 

Nous sommes quant à nous entrés dans une période intense de transition. Il nous faut nous préparer à la plus longue navigation qui soit, dans le programme GLYWO.

 

Celle qui va nous amener aux Marquises, soit à environ 3000 miles. Pas d’escale possible. Pas de réparation possible en cours de route. Pas d’escale non plus pour approvisionner si l’on a oublié quelque chose, du sucre au sel, en passant par les cubes Maggi, le beurre, ou les œufs.

 

Donc activité intense à bord le 26 toute la matinée.

 

Le départ interviendra le 30 mars et il faut tout inventorier, regarder les dates limites de consommation, voire jeter ce qui est clairement périmé ou abîmé.

 

Puis racheter, à prix d’or cela va de soi, ce qui nous manquera si on ne l’achète pas.

 

Avec deux contraintes supplémentaires.

 

Il faut compter large, pour ne pas arriver assoiffés ou affamés. Or la traversée peut durer entre 15 et 22 jours, selon les vents.

 

Ensuite, il faut prévoir d’ores et déjà que certains produits seront difficiles à trouver aux Marquises. Et pour certains produits, il faut compter trois mois supplémentaires, soit jusqu’à Papeete, Tahiti.

 

Pierre se sent responsable, mais refuse de vouloir céder par avance au gaspillage. Or pour un tel trajet, il faut accepter d’ores et déjà que des produits seront nécessairement perdus.

 

S’ensuivent des débats et des polémiques. Heureusement sur le ton de la plaisanterie. Rira bien qui rira le dernier, pense chacun de la position de l’autre…

 

Autre problème, l’isolement pendant ce trajet n’est pas une vue de l’esprit.

 

Patrick, qui ne quitte pas son portable six heures par jour au moins, va devoir se sevrer.

 

Ce sera impossible pour lui de continuer à savoir ce qui se passe à Genève, en Suisse et dans le monde, en ayant recours à sa sainte trinité que sont 3G, 4G et WIFI.

 

Et en plus l’actualité est très riche. Il y a non seulement le conflit à l’Est, mais aussi le premier tour de l’élection présidentielle en France.

 

On va devoir essayer d’obtenir des bribes d’information par SMS par le truchement de l’iridium. Ça va être très chaud. On espère que l’addiction sera maîtrisable et maîtrisée.

 

Enfin, nous aurons à bord Christophe Iselin, qui quitte son poste de professeur d’urologie, chef de service aux HUG. Il y aura nécessairement avec lui des évocations d’avant et d’après dans cette période charnière. Et des envolées sur la troisième vie.

 

Bref on est presque prêt, physiquement et mentalement. On essaie d’éviter de penser à toutes les pannes ou casses qui pourraient gêner notre progression.

 

On calcule que les Marquises devraient être en vue vers le 17ème jour, si les vents sont ceux que l’on attend. Et on essaiera via l’iridium (et Ambre qu’elle soit remerciée d’avance) de vous communiquer l’état des troupes et du moral à bord de manière régulière.

 

Vous pourrez suivre notre périple en temps réel sur la carte reproduite sur le site du blog. Mais n’essayez pas de nous mettre en concurrence avec les autres. Sur un tel trajet, les priorités sont clairement les suivantes :

 

Arriver tous de l’autre côté,

En parfaite et éclatante santé,

Sans avoir rien cassé, ni déchiré,

En ayant eu assez à boire et à manger,

Sans s’être disputés, et en ayant eu un maximum de plaisir.

 

Donc on n’est ni à quelques jours, ni à quelques heures près.

 

A très bientôt.

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