Santa Cruz de Tenerife, seuil de la Traversée de l'Atlantique

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Aie, ce n'est plus l'heure de reculer! C'est maintenant ou jamais que je me prouve que je suis devenue une vraie navigatrice. La traversée du grand bleu est fixée au 21 novembre à 10 heures. Envoyez-moi de l'énergie positive! Je n'aurais pas misé un franc sur moi, que je relèverai un jour ce défi. J'aurais dit la célèbre phrase de notre fils Lionel : « Moi, je ne crois pas, non! ».
 

J'avais toujours pensé que j'attendrai le Crazy Flavour et son équipage au bar d'un hôtel de la Barbade en train de siroter un "virgin mojito".

Lorsque Nicolas et Philippe nous ont quittés, sont restés à bord  du Crazy Flavour deux valeureux coéquipiers, Tania et Louis. Nous avons quitté la charmante marina de Lanzarote, Puerto Calero, pour nous rendre dans la baie de Papagayo, puis devant Rubicon pour une nuit. La journée et la nuit de navigation qui ont suivi par de jolis airs et une houle pas trop formée, m'ont laissé une bonne impression, avant que le petit matin se lève sur Santa Cruz et que son majestueux auditorium blanc nous tende les bras.

Il parait que les occupants des cabines arrières ont eu droit à un concert pendant mes quarts et qu'ils se sont bien amusés de mon répertoire...

Bizarrement, je me sens prête et intéressée à une certaine introspection et à découvrir ce que je suis capable de vivre, bien loin de ma zone de confort. Auparavant, lors de nos navigations, je devais toujours voir la côte.

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Forêt pluie

Ce n'est désormais plus une nécessité. J'ai pu vivre cinq jours sans sortir du bateau et sans issue pour regagner la terre et cela s'est bien passé. Je m'apprête toutefois à devoir multiplier cette période au minimum par trois, car il faut compter entre quinze jours et trois semaines, selon les airs que nous rencontrerons, pour cette étape numéro trois de notre odyssée.

Si la marina de Santa Cruz est quelque peu rustique et industrielle, l’île est fascinante.

Ses paysages sont extrêmement contrastés entre ce que ses habitants appèlent le Nord et le Sud, qui sont en réalité l'Est et l'Ouest de l'île. Le climat y est très différent et tout y est d'une grande beauté.

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Lave

Une partie de l'île est noire et jonchée de concrétions de lave qui ont formé des blocs. Une autre partie est couverte d'une végétation luxuriante avec des espèces d'arbres que l'on ne trouve plus nulle part ailleurs. Certains d'entre eux sont millénaires.
 

L'énergie et la force qui se dégagent de cette forêt sont sidérantes. Nous avons parcouru celle-ci sous la pluie, sans nous en soucier, tant l'expérience était unique et bienfaisante. Nos articulations nous ont par ailleurs été reconnaissantes. Nous avions les genoux rouillés et les mollets mous depuis ces derniers jours sans mettre le pied à terre.

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Forêt

Nous sommes rentrés en Suisse comme prévu du samedi au samedi pour en priorité revoir nos enfants, nos parents respectifs et prendre nos dispositions testamentaires. ( Je plaisante. C'était fait de longue date.)

Nous nous sommes sentis frigorifiés, première impression, puis déjà quelque peu déphasés. Cela promet dans un an...

Nous avons pris congé sur sol genevois de notre chère Tania, qui n'a jamais froid aux yeux, qui est toujours partante pour de nouvelles aventures, qui est toujours de bonne humeur et que j'ai appris à mieux connaitre lors de ce séjour en mer lors duquel nous avons beaucoup partagé. Une belle complicité féminine est née entre nous.

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Les quatre

Quant à Louis, le benjamin de l'équipe, c'est une crème d'homme, bienveillant,  pieds sur terre et qui sait tout faire sans jamais s'en vanter. Avis aux célibataires: il n'est pas marié, ni en couple et c'est un coeur à prendre. Le sien est immense.

Notre semaine à Genève est passée en un éclair. Nous avons revu Ambre quasiment tous les jours. Nous avons eu la surprise d`héberger Lionel arrivant de Zurich pour récupérer ses affaires de voile. Nous avons rendu visite au père de Vincent en EMS et reçu mes parents en provenance de Sion.

Nous avons rencontré chacun des groupes d'amis, mais nous n'avons pas pu répondre à toutes les sollicitations et nous nous en excusons. Nous avions aussi un certain nombre de démarches administratives et autres à accomplir.

Nous avons encore une semaine sur place avec l'équipe numéro trois pour l'avitaillement du bateau et des visites de l'île. Il y a un certain nombre de briefings, contrôles techniques auxquels nous allons être astreints avant le départ.

Au mont Teide, nous avons vu au loin de nuages noirs. Ce sont les fumées qui s'échappent du volcan, qui est toujours en éruption sur la Palma.

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Nous n'allons pas nous en approcher pour éviter d'avoir des cendres sur le bateau dont nous ne parviendrions que très difficilement à nous débarrasser ou d'être intoxiqués par le gaz que provoque la lave en contact avec l'eau.

Quant aux orques, la femme d'Andréa, skipper de Cachalot, océanographe à Rimini, a relayé l'hypothèse émise par ses collègues locaux, qu'un bébé orque a succombé aux blessures subies suite à un heurt intervenu avec le safran d'un bateau de plaisance et que ses congénères en ont déduit qu'ils étaient agressés par ce type d'embarcation et qu'il fallait s'en défendre. Ce serait la raison pour laquelle ces vingt orques se seraient mis à attaquer les bateaux et à détruire leurs safrans, notamment ceux de plusieurs bateaux participant à la mini transat.

Ce banc d'orques serait désormais au large de Biarritz.

Deux dangers sont désormais écartés en ce qui nous concerne.
 

Que va t'on devoir défier dans cette traversée à venir ?