Plongée à Fakarava Sud
Écrit par Vincent le 20/05/2022

Nous avons eu le privilège d’effectuer ce dimanche 15 mai deux plongées dans la passe Sud de Fakarava. Les cinq autres en snorkeling et moi avec les bouteilles.
La passe ne paie pas de mine. Mathias et son équipe nous y amènent avec un canot semi rigide qui nous prend sur nos bateaux. Valentine et Sébastien nous accompagnent.
L’équipe se compose de Mathias, de son second Nico et du pilote, qui est un local polynésien. Mathias amène également sa fille Maé et son fils Simon, âgé de 8 ans.
La base de cette école de plongée se trouve dans une pension proche de la baie de Hirifa. Les voileux sont pris en chemin.
Nous constituons trois équipes. Six adeptes du snorkeling, soit cinq du Crazyflavour Flavour et Dominique de Pom III. Deux équipes de plongeurs, dont la nôtre avec notamment Valentine, Sébastien, Mapie de Pom III et votre serviteur.
Le briefing est très rapide. Nous sommes censés être expérimentés. L’on suivra l’instructeur qui est un rien facétieux.
Les couleurs de l’eau sont belles et le lieu où l’on nous déposera clairement identifié. Il y a une passe assez étroite. L’idée est d’aller à l’extérieur de la passe et de rentrer avec le courant. De voir les requins qui patrouillent à l’extérieur et à la fin de la passe. Et entre deux de visionner des coraux parfaitement intacts et divers poissons de couleur.
On commence par le début de la passe devant laquelle patrouille une quinzaine de squales, assez débonnaires. On leur tourne le dos et on sent le courant nous entraîner progressivement le long d’un vallon. Qui à un certain moment se compose de sable blanc que l’on dévale comme une piste de ski. Et pourtant, je me sens loin des Quatre Vallées, et de Siviez en particulier.
C’est très facile, le courant nous pousse tout le long et l’on débouche dans une sorte de piscine de laquelle on peut sortir directement en ayant son fonds.
En route, je me suis retrouvé à suivre une raie. Qui m’attendait. Du moins je le pensais. Sebastien me rattrape par la cheville pour me faire signe de réintégrer le groupe. Dommage, mais il avait clairement raison. On ne quitte pas le groupe, fût-ce pour une raie...
La pause est conviviale, le thé et les biscuits goûteux. Les snorkeleurs ont vu beaucoup de choses guidés par les enfants de Mathias. Fabienne a sympathisé avec le jeune Simon, lequel l’entraîne à dix mètres débusquer un gros Napoléon. Cet enfant est tellement à l’aise sans l’eau qu’on a l’impression qu’il a des branchies.
Mathias m’explique qu’il est parti de Corse pour venir à Fakarava en 2006. Il a longtemps pratiqué dans la passe Nord. Puis il s’est établi à Hirifa, en parfaite entente avec la pension, dont le propriétaire Éric vient de décéder. Il connaît parfaitement le lieu et n’envisage pas de revenir en Corse. Il croit avoir trouvé le spot idéal. Et c’est vrai que cette passe est incroyable en terme de faune mais aussi de qualité de coraux. On est certain d’y voir plusieurs dizaines de requins à chaque plongée.
Deuxième plongée. Nous commençons par nous mettre au fond d’un canyon, à 24 mètres de fond, patrouillé par les requins qui nous tournent autour sans trop nous approcher. Il y en a plusieurs dizaines, à tell point que j’arrête d’essayer de les compter.
Nico, notre instructeur réveille un requin dormeur qui semblait assoupi allongé à quelques mètres de nous.
Nous voyons ensuite un gigantesque Napoléon, des mérous, et toute une série de poissons qui sont chacun plus éclatants en couleurs que le précédent. Le courant nous pousse et, côtoyé par les requins qui nous ignorent, ou qui deviennent familiers, je ne sais, nous remontons progressivement.
Nous tombons sur deux raies, au moment où un requin semble vouloir chercher noise à l’une d’elles. Mal lui en prend, la raie fait mine de faire usage de son dard et le requin prend la poudre d’escampette. Le tout a duré moins de deux secondes. L’on tente de suivre ces deux raies, mais elles s’esquivent, gracieuses et célestes.
C’est déjà la fin de la deuxième plongée. Nous jetons un dernier coup d’œil sur cet environnement incroyable de requins qui nagent tranquillement autour de nous. Personne n’effraie personne. Tout le monde se respecte et garde ses distances, raisonnables.
Au terme de ces deux plongées, je dois avoir aperçu plus de 80 requins, de plus ou moins près.
Mes compagnons snorkeleurs ont vu beaucoup de requins eux également au terme de leur deuxième et dernier parcours. Ils semblent s’être habitués à les côtoyer. Ils ont aimé glisser sur l’eau, visionner les fonds et contempler cet environnement exceptionnel.
Bref, si vous aimez les fonds marins, si vous êtes prêt à vouloir surmonter les angoisses que font naître en vous le terme de requin ou la vision de sa majestueuse aisance sous l’eau, venez nager ou plonger à Fakarava Sud.
C’est l’équivalent d’un safari en brousse africaine, avec le sentiment de revenir à la nature originelle de la vie, ici marine. En toute sécurité. En parfaite immunité. Et en absolue admiration de cet environnement si parfait et si bien régulé.
Le coût est d’ailleurs plus que raisonnable. 45 Euros pour deux snorkeling et 140 euros pour deux plongées.
Et la fin de la journée est douce et agréable, car il y a soleil et vent. La température est agréable lorsque l’on retrouve notre catamaran, forme de base arrière de nos aventures. L’on rince notre équipement, l’on se douche et l’on se détend avant de profiter de la tombée du jour et du bon plat de pâtes qui nous attend. La nuit l’on dort profondément, avec une température parfaite.
Une vie tellement incroyable, simple et naturelle, que l’on éprouve presque une forme de gêne à vous la raconter. Je sens Chantal en train d’être conquise, après avoir survécu à proximité des squales. Pierre commence de réaliser qu’il ne lui reste que deux semaines des 10 qu’il devait passer à bord. Quant à Thierry et Claude, ils poussent fréquemment ce petit sifflement qui dit mieux que tout autre la douceur et la paix que leur inspire ce lieu.
La suite après la remontée de cet atoll de Fakarava dans l’autre sens. .... Mais encore un jour, peinard à goûter à cette vie paradisiaque. Il faut savoir abuser...doucement.