Perles aux Tuamotu

Perles

La culture de la perle aux Tuamotu, par Fabienne

 

Les premiers perliculteurs ont rapidement compris, vu le succès de leurs perles, qu’il ne fallait pas seulement compter sur les dons hasardeux de Dame Nature et qu’ils devaient s’affranchir de la plonge pour s’assurer un approvisionnement permanent en nacre à greffer. Ils ont donc créé des stations de collectage qui ont pour mission de capturer passivement du naissain de Pinctade margarifitera par fixation de celui-ci sur un collecteur. La technique consiste à poser une corde immergée à moins trois mètres, maintenue au-dessous de l’eau soit par des karena ou pinacles ou bien par des corps morts, tendus par des bouées sur des longueurs de 100 à 200 mètres.

Au bout de 4 mois, ces nacres sont collectées de l’écloserie pour être travaillées dans la ferme perlière. Les nacres sont alors percées et attachées, tête en bas, pour éviter que des grains de sable ou des corps étrangers viennent la pénétrer et elles sont immergées sur une corde selon la technique mentionnée ci-dessus, entre 3 et 6 mètres de profondeur, corde placée à l’intérieur de forme de cages, qui sont remontées tous les trois mois pour être nettoyées au karcher. Ces cages sont destinées à protéger les huîtres d’éventuels prédateurs.

Les nacres sont prêtes à être greffées entre 15 et 18 mois plus tard. Avant ce temps, il est trop tôt. Après, il est trop tard. Dans ce laps de temps propice à la création, il faut recourir aux bons soins et à l’art d’un docteur ès Perles, formation certifiée après deux ans, pour leur greffe.

La greffe consiste à introduire un nucléus et un greffon à l’intérieur de la gonade (glande sexuelle) d’une huître. Le nucléus est une bille de nacre fabriquée à partir de la coquille de bivalves d’eau douce, provenant souvent du Mississipi et compactées au Japon, formant des billes de tailles différentes, blanches.

Le greffeur sélectionne une nacre sur 20 pour sa bonne santé et pour la beauté de ses reflets. Il découpe et prélève des cellules épithéliales du manteau qui viendront produire la couleur du nacre. Il coupe 19 petits segments, appelés greffons, qu’il va délicatement insérer dans l’huître porteuse après l’avoir très légèrement écartée. Une minuscule incision est effectuée et l’huître est ensuite refermée. L’opération prend 40 secondes environ par huître à un bon greffeur.

Le chapelet de nacres avec ses filets est ensuite replongé dans l’eau, cette fois-ci à moins 15 mètres pendant 15 à 18 mois. Les nacres sont nettoyées sur place par des plongeurs afin de ne pas trop stresser les huîtres.

La récolte arrive enfin au mieux au bout de trois ans pour les perliculteurs. Seules 50 à 60 % des huîtres donneront une perle. Si elle n’a rien offert, l’huître est jetée.

Une perle doit avoir au minimum une épaisseur de nacre de 0,4mm. Une perle de bonne qualité atteint une épaisseur de 0,8mm.

Les perles sont de petites merveilles qui prennent la forme de bouton, ovale, ronde, keishi, malé, de gouttes baroque et semi-baroques.

Elles revêtent des teintes grises, claires, foncées, noires et ont des reflets roses, mauves et aubergines ou verts, turquoises et émeraudes.

Vous n’ignorez plus rien de la culture de la perle et les explications fournies ci-dessus sont l’ensemble des informations retenues par Claude, Chantal et moi à l’issue de nos visites tant dans la ferme perlière de Gunther que dans celle de Havaiki.

Inutile de vous dire que nous avons toutes craqué pour une perle, y compris Valentine D’Impossible qui nous a accompagnés. Nous avons vu que Regina de Blue Way est également tombée sous le charme.

Nous avons quitté ce matin le mouillage de l’anse Amyot sur l’atoll Toau pour arriver à 13h à l’atoll d’Apataki.

Pierre nous concocte des jeux de mots locaux :

« Nous ne parlons pas de la déesse de la mer qui a pris possession de ce mouillage. C’est motu et bouche cousue à son sujet. C’est un secret. »

« Pourquoi la coprah sèche t’elle dans des cabanes ? Parce que Coprahcabana. »

Le soleil tape fort et nous rions…