Nuku Hiva
Écrit par Fabienne le 06/05/2022

Nous avons vogué le 28 avril de Ua Pou jusqu’à Taioa, sur l’île de Nuku Hiva.
Cet endroit est quasi abandonné et se situe à dans la baie Daniel. Il n’y a plus qu’une maison habitée. Un chien hurlait sur la plage quand nous sommes arrivés au mouillage. Nous sommes allés le lendemain matin sur la plage en direction de la seule habitation que nous avions observée pour s’assurer que son occupant n’avait pas fait un malaise et que son chien voulait attirer notre attention. Nous avons trouvé la maison bien entretenue, mais soigneusement fermée et nous en avons déduit que le maître s`était simplement absenté et que le chien s’ennuyait et l’appelait.
Rassurés, nous sommes partis à la découverte du village Hakatea, désireux de monter jusqu’à la source de la rivière qui coule dans la vallée. Cela nous a pris plus de deux heures pour y parvenir. Après avoir cheminé au départ dans l’eau sur des rochers glissants, puis sur un sentier dans une végétation assez aride, nous avons débouché sur un véritable jardin de Cocagne qui à cette heure matinale semblait inhabité, alors qu’il était magnifiquement entretenu. C’est le lieu de préciser ici que tout l’archipel des Marquises est extrêmement propre et qu’il n’y a aucun papier, mégot de cigarette, canette, bouteille ou pet qui traîne où que ce soit. Toutes les cuisines et les toilettes sont impeccables. Les Marquisiens ont une réelle conscience écologique. Ils trient soigneusement leurs déchets. Nous avons observé que très peu d’entre eux fument, mais que beaucoup consomment de l’alcool, souvent en quantité. Pour accéder au village, nous avons dû franchir la rivière à pied pour y parvenir, chacun selon sa méthode. Certains ont bravé le courant, entrant dans l’eau jusqu’à mi-cuisses. Pour ma part, j’ai préféré m’adonner à un exercice d’équilibre sur les cailloux, sécurisée par la grande main encore en voie de guérison du capitaine. Nos yeux ébahis se sont posés dès la rive franchie sur un bout de paradis parcouru par une allée centrale avec quelques pavés de pierre, bordée d’arbustes en fleurs tels que bougainvilliers, frangipaniers, hibiscus, éclatants de couleurs. Des petits chevaux paissaient près des habitations simples, mais coquettes, des chiens se baladaient en toute quiétude et quelques coqs poussaient joyeusement leurs traditionnels cocoricos. Les arbres fruitiers regorgeaient de pamplemousses, les meilleurs du monde je vous l’assure, de bananes, de noix de coco, de mangues, de citrons, de papayes et de noni qui ne sont pas comestibles, mais qui sont destinés à la production de cosmétiques et de médicaments cicatrisants. Le chemin a commencé à s’élever dans la montagne et nous a fait grimper dans des hauteurs qui nous ont permis de découvrir à travers les frondaisons qui nous abritaient des rayons ardents du soleil des sommets vertigineux, des pitons ciselés dans le ciel dans lequel tournoyaient de fins oiseaux à longue queue blanche. Je parie que c’est cet endroit qui a inspiré le film Avatar. C’est d’une majesté et d’une beauté à couper le souffle. En citoyens respectueux des consignes de sécurité et par respect pour ces sommets qui recouvraient quasiment nos têtes de leurs pics avec parfois des sortes de sculptures en pierre, dans des positions défiant la loi de la gravité, nous avons résolu de ne pas aller jusqu’à la source de la cascade, vu le panneau nous l’interdisant compte tenu des nombreuses chutes de pierre. Nous avons résolu de pique-niquer après nos efforts au bord de la rivière, mais avons dû rapidement y renoncer, car nous avons été victimes d’une attaque menée par une multitude de nonos, moustiques kamikazes très déterminés qui nous ont criblé de missiles urticants. Tout en rebroussant chemin et en croquant nos sandwiches, nous sommes redescendus à Hakatea que les habitants regagnaient alors sur leurs embarcations.
Comme Vincent s’adressait à une villageoise pour solliciter de l’eau, je précise que nous avons toujours osé boire l’eau des sources aux Marquises, celle-ci prénommée Charlotte a proposé de nous servir à la maison une limonade de pamplemousses et de citrons et de nous préparer une collation de fruits frais, ce que nous nous sommes empressés d’accepter, car nous étions tous les six assoiffés. Nous avons partagé dans sa famille un fabuleux goûter de fruits frais. Charlotte nous a présenté son mari Maurice et ses quatre enfants, trois filles et un garçon. Les enfants étaient charmants et très polis, intéressés à nous découvrir. Leur mère est revenue vivre avec sa famille il y a quelques années sur les terres héritées de ses aïeuls. C’était vendredi après-midi et les trois ainés scolarisés sur une autre île durant la semaine avaient été ramenés à la maison pour le week-end par leurs parents. Si nous avons réglé en francs pacifiques notre droit de passage, nous sommes repartis chargés de pamplemousses, bananes et mangues offerts gracieusement, directement cueillis par Maurice, désireux de nous faire plaisir. La générosité et la gentillesse sont des caractéristiques des habitants des Marquises, comme nous l’avons souvent constaté.
Nous avons aussi rencontré une autre habitante du village dont je n’arrive pas à vous donner le prénom en marquisien, mais qui répondait en français au prénom de Jeanne d’Arc et qui a proposé de nous faire un repas le soir même, nous indiquant qu’il était possible de revenir au village au moyen de notre dinghy.
Nous avons accepté de bon cœur et sommes revenus au moyen du Crazy Fabi à la tombée de la nuit. Nous avons tiré notre embarcation sur la plage. Nous avons été accueillis dans le petit restaurant de Jeanne d’Arc par son mari, pur sujet marquisien aux nombreux tatouages, une dent de sanglier dans le lobe de l’oreille et taillé pour la chasse et la pêche. Ce dernier avait allumé un grand feu de palmes et nous cuisait un thon, qu’il avait pêché, débité en tranches et qu’il avait agrémenté de persil et de toutes sortes d’épices cueillies dans la forêt. Nous avons savouré une salade de papayes, mélangée à du cresson de rivière accompagnée de succulentes frites de l’arbre à pain. Un vrai régal. Le thon était cuit à la perfection et le chef était ravi de nos compliments. Le tout était accompagné d’une délicieuse citronnade et nous avons même eu droit à un dessert de glace à la banane et au café, un véritable délice.
Jeanne d’Arc était intarissable sur son arrivée dans ce village occupé par moins de 20 habitants actuellement alors que la vallée avait été habitée autrefois par une communauté de plus de 20’000 personnes. Elle y a suivi son mari par amour, ce dernier étant originaire de la région. Elle nous a narré ses difficultés d’adaptation dans ce cadre sauvage et isolé venant d’une famille fortunée, ayant été une fillette gâtée par ses parents et ayant eu le privilège de faire des études en soins infirmiers. Elle avait hérité de terres et elle et son époux y ont bâti leur maison ainsi que leur tout petit restaurant. Elle a raconté qu’après avoir beaucoup pleuré, elle s’est ressaisie et que désormais elle fourmille de projets. Elle souhaiterait ouvrir des chambres d’hôtes et y construire des bungalows. En échange de l’entretien impeccable que font les familles de Jeanne d’Arc et de Charlotte du village, ils perçoivent une taxe autorisée par la préfecture auprès de chaque visiteur. Nous sommes repartis après ce délicieux repas avec plein de fruits, notamment des petits citrons verts et un régime de bananes, à nouveau généreusement offerts.
Nous avons remis un peu de chocolat et des polos du Crazy Flavour à ces deux familles, vu que nous n’avons pas d’autres choses à offrir en guise de remerciements.
Au moment de notre départ, en pleine soirée, dans la nuit noire, le fils de Jeanne, âgé de 17 ans est parti à la pêche aux crevettes de rivière avec un copain, invité à passer le week-end. Les deux jeunes s’étaient munis d’une lampe frontale, mais avaient taillé eux-mêmes leur pique pour la pêche.
Sous le ciel étoilé, nous avons alors cherché un endroit propice pour remettre à l’eau notre dinghy, car de gros rouleaux s’étaient formés et rendaient l’embarquement dangereux. Nous avons trainé le Crazy Fabi en avant et en arrière sur la plage, tâchant d’éviter les gros crabes sur le sable et les noix de coco sur nos têtes, car Jeanne venait de nous raconter qu’une touriste avait récemment été tuée par la chute d’une noix de coco et que c’était son mari qui avait ramené son corps. Elle nous a aussi raconté qu’un de leurs cousins habitant l’île avait écopé de 17 ans de prison pour avoir tué un touriste allemand sous les yeux de sa femme et l’avoir mangé…Seul son père connaitrait le fin mot de cette histoire et le mobile, mais nous n’avons pas souhaité en savoir davantage…
Finalement, grâce à un habitant qui avait illuminé comme une disco sa maison de fin de semaine dressée sur la plage et qui avait siroté force bières en compagnie de deux dames, nous avons pu trouver le moyen d’embarquer, notre aide s’étant courageusement mis à l’eau jusqu’à la taille pour nous pousser vers l’océan. Qu’il en soit remercié !
Le lendemain, nous avons remis le cap sur Nuku Hiva pour permettre le départ d’Irène et Christophe Iselin et l’arrivée de Claude et Thierry Breton.
Nuku Hiva a 330 km de superficie et est l’île la plus vaste et la plus peuplée des Marquises. Elle compte environ 3000 habitants.
Elle est le chef-lieu administratif des Marquises.
Les Marquises répondent au nom de Fenua ‘enata « Terre des Hommes » et ont probablement été les premières peuplées par des personnes arrivant de l’Asie du Sud -ouest entre 150 av. J.C et 100 après J.C. L’archipel a vraisemblablement constitué le point de départ de tout le peuplement du triangle polynésien, Hawaii, Nouvelle Zélande et île de Pâques.
Entre 1100 et 1400, la société marquisienne est organisée en tribus. Chaque tribu est divisée en clans et sa vie s’organise autour de zone d’habitations, papae, de lieux de cultes me’ae et de sites de défense, pa. Le 15ème siècle voit l’apogée de l’art marquisien, soit la création de nombreuses places publiques, tohua et aussi l’édification de tikis, sculptures monumentales anthropomorphes dédiées à des ancêtres ou à des dieux.
En 1595, la population de l’archipel s’élève à près de 50'000 individus lorsque le conquistador espagnol Don Alvaro de Mendana arrive avec 4 navires en face de Fatu Hiva.
A la fin du 19 ème siècle, la population des îles est décimée. On l’estime alors à 5'000 individus. Les maladies occidentales, tuberculose, variole, syphilis, l’alcool et les armes à feu y ont chacune contribué.
C’est depuis 2002 que les Marquises se repeuplent gentiment, mais sûrement ses habitants étant fiers de leur nature, de leur culture ancestrale et de leur patrimoine.
Le samedi soir, Irène et Christophe nous invitent tous à dîner au restaurant huppé de Nuku Hiva, le Pearl. C’est la grande classe. Nous sirotons un cocktail au bord de la piscine débordante qui domine toute la baie. Nous apercevons au loin le Crazy sagement amarré.
Nous passons ensuite à table et savourons des mets délicieux. Nous passons une sympathique soirée à nous remémorer les highlights de l’étape marquisienne, à évoquer la future existence professionnelle de Christophe et à nous réjouir de découvrir à notre retour les belles aquarelles d’Irène que celle-ci peints dans son carnet de voyage.
Nous allons regretter la bonne humeur et l’enthousiasme de Christophe et l’infinie douceur et les dons artistiques d’Irène.
Ils s’en vont le dimanche matin à 8h pour séjourner en amoureux encore quelques jours à Fakarava dans les Tuamotu avant de regagner la Suisse et leur nouvelle vie.
Notre quatuor se rend à la messe à la cathédrale Notre Dame -des îles -des Marquises, érigée sur le vénéré tohua Koika Mauia. Elle date de 1977.
Les pierres qui ont servi à sa construction proviennent toutes de l’archipel. Les rouges de Hiva Oa, le grès blanc de Nuku Hiva et à chaque coin cardinal des pierres de Fatu Hiva. Au sud, la pierre ponce de Tahuata et le parvis est recouvert de de plaques de basalte de Ua Pou. A l’intérieur, quelques statues de bois ont été réalisées par des sculpteurs locaux.
L’ensemble est simple et magnifique.
Ce dimanche, c’est l’évêque en personne qui célèbre avec une myriade de prêtres et c’est une messe pour la jeunesse.
La cathédrale est pleine à craquer. La moyenne d’âge doit être de 25 ans. Un garçon sur deux ou trois joue d’un instrument yukulele, guitare ou percussion. Dès les premiers chants, l’atmosphère est vibrante, chaleureuse, dynamique. Tous les jeunes chantent de manière puissante comme pour le haka, avec des voix très profondes. Toute l’assemblée bouge en rythme.
Les textes défilent en français et en marquisien. Je suis en lévitation tellement c’est beau.
C’est une des plus belles messes à laquelle j’ai participé jusqu’à ce que… Dominique et Véronique de Fou de Bassan sont également présents avec leurs deux filles et leurs trois petits enfants.
L’évêque débute son homélie et je n’en crois pas mes oreilles. Ses propos sont d’une dureté incroyable. Il dit qu’il y a plus de 22 000 avortements en Polynésie et que c’est bien pire que la guerre que les Russes mènent en Ukraine. Il condamne lourdement. Il dit que nous sommes là pour nous multiplier et qu’il ne faut pas de moyen de contraception, ni hésiter à procréer.
Il poursuit en ajoutant qu’aujourd’hui on ne se contente plus du concubinage et du pacs, mais qu’il nous faut encore le mariage pour tous. Il ajoute qu’il préfère croire aux bébés qui naissent dans les roses et les choux, plutôt qu’a ceux qui sont conçus en éprouvette. Je crois m’étrangler et j’ai les larmes aux yeux. Je m’aperçois dans mon brouillard que je ne suis pas la seule, que d’autres personnes sont en larmes et que les jeunes s’interrogent du regard.
Il poursuit en blâmant l’homosexualité, car tant d’hommes se travestissent en femmes sur les îles et sont reconnaissables au lieu de se cacher. Et comment nous multiplierons nous ainsi ? Il s’arrête enfin et je ne vous reproduis pas tout, tant son sermon était dans le jugement, la dureté et l’absence d’amour.
La messe se poursuit, mais désormais je n’ai plus le cœur pour chanter et l’apprécier. Je dois avouer que j’ai hésité à intervenir pour lui parler de l’amour de Dieu, l’accueil pour tous dans sa maison et pourquoi pas de la pédophilie et de l’homosexualité larvée de ses prêtres. Je me retiens, malgré mon indignation, car je suis dans une communauté accueillante, qui n’y peut rien. Je me dis que je vais aller lui parler coute que coute à la fin de la cérémonie. Vincent quitte la messe à la communion. L’évêque, à la fin de la messe, s’excuse envers l’assemblée pour les propos qu’il a tenus, mais évoque son devoir d’éducation en tant qu’évêque. Il nous souhaite un bon dimanche…
A la fin de la messe, des gens sont encore en pleurs et chacun s’en va à toute vitesse. Je salue quelques jeunes que j’ai croisé dans l’avion et sur les îles que je reconnais. Je sors sur le parvis pour rencontrer l’évêque. Il est déjà rentré. J’attends qu’il se change et qu’il revienne dans la cathédrale. Il est accompagné d’un balaise polynésien auquel je réclame un bref entretien avec Monseigneur l’évêque. Je m’introduis en me présentant et en lui disant que je suis croyante et pratiquante, que par chance je n’ai pas avorté et que j’ai deux enfants et que je ne suis pas homosexuelle. Je lui dis que j’ai assisté à une très belle messe, animée par une formidable énergie jeune et positive avec l’esprit marquisien, mais que cette messe a été totalement gâchée par son homélie remplie de propos jugeants et durs, dénués de tout le message d’amour de Dieu, rejetant envers ses fidèles et même contraire à l’esprit d’ouverture bienveillant de notre pape François.
L’évêque m’écoute et me répond poliment qu’il comprend mon indignation, mais qu’il doit dire cela pour l’éducation de ce peuple marquisien encore un peu sauvage. Je n’en crois pas mes oreilles. Il ajoute qu’ici on doit éduquer les adultes comme les enfants et que quand les coups ne tuent pas, il faut les administrer pour cadrer et ne pas céder à toute cette modernité qui empêche de frapper. Moi la juge de la protection des enfants, la défenseuse de la convention de l’ONU sur les droits des enfants, je suis atterrée. Je lui rappelle que ce n’est pas une mode, mais un interdit et qu’il y a d’autres moyens d’éduquer intelligemment un enfant que par les coups, notamment l’exemple, une réflexion, une tâche etc. Je lui parle des femmes qui ont été violées et que j’ai rencontrées dans ma carrière de juge et qui ont été maltraitantes avec leurs enfants issus de ce crime alors qu’elles s’étaient rendues compte trop tard de leur grossesse et n’avaient pu avorter. J’évoque ensuite l’homosexualité et lui dis combien j’ai été touchée par le respect que portent les Marquisiens aux hommes aux cheveux longs, habillés en femme, maquillés et parés de bijoux. Il me répond que ces gens n’ont qu’à se cacher et faire comme à Wallis et Futuna où au moins on ne les repère pas. Je le regarde droit dans le fond des yeux, car je le trouve très maniéré depuis le début de notre conversation et je lui rétorque que c’est effectivement la méthode qu’ont choisie les hommes d’Eglise pour traiter le sujet : se cacher et condamner. J’arrête de dialoguer. J’ai pu lui faire part de mon indignation et de mes sentiments, mais je ne le convainquerais pas. Pourquoi donc s’est-il excusé auprès de ses fidèles et qu’il le fait encore envers moi alors que je m’éloigne après l’avoir remercié de m’avoir écoutée, à défaut de m’avoir entendue.
Je ne suis pas la seule à avoir été choquée dans notre groupe par ses propos. Tout l’équipage l’est et aussi celui de fou de Bassan.
Le précédent évêque, Monseigneur le Cléac’h a lutté pour la restauration de la culture marquisienne et avait une autre envergure. Il a traduit la Bible pour ses fidèles et a souhaité que les chants et les prières puissent s’exprimer en marquisien.
Selon la tradition ancestrale polynésienne, le fils ainé de la famille est éduqué comme une fille. Les travestis rae rae choisissent un prénom féminin, s’habillent en femmes et ont des rapports avec les hommes. Pour les premiers, il s’agit de la tradition, pour les seconds, il s’agit d’un choix.
Bon, c’est un sacré dimanche et il faut remonter à bord pour nettoyer le bateau après nos navigations, le changement de cabines et l’arrivée des Breton lundi après -midi à bord.
Suite et fin de notre odyssée aux Marquises au prochain blog.
Bisous salés.