La lessive du point de vue féminin

 

Vincent a commis deux textes sur le sujet et le piment local me monte au nez. Je me dois de répliquer.

Il a attendu 61 ans et une longue expérience de vie pour découvrir ce qu’est une lessive, ce que cela implique et représente. Il a recueilli louanges, compliments ainsi qu’encouragements, même de la gente féminine, pour ces deux lessives de sa vie. Je n’ai jamais douté de la débrouillardise et de l’ingéniosité de mon cher mari, mais tout de même !
 

Tout cela, alors que tant de femmes, depuis tant d’années, sous toutes les latitudes et longitudes, sont confrontées pour le bien de leur famille à cette tâche peu gratifiante. Elles ne reçoivent que rarement des remerciements et sont plutôt sujettes à critique et blâme quand la chemise taille 46 sort de la machine en 24 ou quand le pantalon blanc est devenu rose et qu’elles tentent de protester qu’il est beaucoup plus beau ainsi.

Lorsque j’ai travaillé à 150 %, j’ai vainement cherché un homme de ménage à qui déléguer cette mission spéciale « lessive ». Il n’y avait pas d’agents prêts à s’en charger sur le marché local genevois. C’est donc à une « sœur » que j’ai dû confier cette merveilleuse tâche de même que le repassage avec lequel Vincent s’est confronté depuis que nous sommes tous deux à la retraite.
 

Le partage des tâches, vous connaissez ? Je suis marin à bord du Crazy Flavour. Nos deux enfants savent tout faire, indépendamment de leur sexe, et j’en suis très fière.

Vincent a suivi un tutoriel et repasse comme un demi-Dieu avec notre Laurastar restée sur la terre ferme.

Pour ma part, je n’étais pas programmée depuis des millénaires pour être plus habile que lui ou qu’un autre homme face à un fer à repasser, ni devant une pile de lessive.
Ce n’est pas non plus ce qui me fait rêver ou fantasmer.

Comme lui, je suis restée perplexe devant certaines machines à laver, devant des programmes de lessive et des étagères à n’en plus finir de poudre de perlimpinpin pour la magie du blanc yvoire, du noir charbon ou pour des couleurs étincelantes.
 

Personne ne m’a dit bravo ou merci pour ces tâches que j’ai accomplies, car c’était mon rôle, mon devoir de femme. « Quand la femme est grillagée, toutes les femmes sont outragées. Les hommes les ont rejetées dans l’obscurité. » nous rappelle Pierre Perret.

Et amies, belles-sœurs, réveillez-vous et cessez d’applaudir quand un homme partage les tâches du quotidien et fait sa part, même si sous ces latitudes, la mission est vraiment périlleuse, mais en tout cas pas genrée.

P.S. Je ne suis pas une militante, mais je reste une femme engagée pour des droits égaux avec les hommes, avec nos différences et complémentarités.