La Barbade, Port St Charles

 

 

 

Le climat est ensoleillé et venté par les alizés. La plus grande partie de l’île de 431 km2 est occupée par un vaste plateau calcaire corallien au relief légèrement vallonné et en partie recouvert de plantations de cannes à sucre ou d’une luxuriante végétation tropicale. La population s’élève à 270 000 habitants.
 

Pour la nourrir, Barbados retire une partie de ses ressources de la canne à sucre et de ses dérivés ainsi que de la pêche côtière et de petites exploitations maraîchères.  Je n’en ai toutefois guère vues et j’ai été étonnée du peu d’approvisionnement en légumes et fruits frais. Nous avons notamment visité la distillerie de rhum « Mount Gay » qui se prétend la plus vieille au monde (1703) et également la meilleure.  Je n’ai pas testé, je ne peux donc vous donner mon avis à ce sujet, mais n’évoquez jamais le nom de rhum « Captain Morgan », c’est comme une insulte ici. Vous voilà prévenus !

 

Un circuit routier assez dense parcourt l`île, plus ou moins bien entretenu. Sur ces routes circulent surtout les taxis collectifs, sujet déjà abordé par Vincent, mais que je dois vous narrer à mon tour.  

N’essayez pas d’emprunter ou de louer un vélo ! Vous signeriez votre arrêt de mort. Pour une voiture, faites votre testament d’abord.

Alors que vous cheminez en tant que piéton en essayant de ne pas vous tordre les chevilles sur des trottoirs désormais inexistants et que vous n’avez rien demandé à personne, un mini bus lancé à pleine vitesse se met à klaxonner la « cucarraca », un bras sort du véhicule toujours lancé à toute allure et vous tire à l’intérieur. Vous pénétrez alors dans une autre dimension. Si votre bras est toujours accroché à votre corps, vous risquez soit d’être écrasé par le voisin de trois quintal installé sur votre côté, soit d’avoir les tympans perforés par la musique reggae lancée par les hauts parleurs à fond.

Vous êtes largués en pleine nature après avoir tenté d’expliquer au co-pilote où vous vouliez vous rendre et qu’il vient de comprendre que vous alliez finalement dans l’autre sens ou que vous avez dépassé l’objectif de plusieurs kilomètres. Il le hurle au pilote totalement éméché ou weedé, c’est selon, qui plante alors les freins et vous débarque en moins de trois secondes.
 

Pendant toute la durée du trajet, j’ai ri nerveusement. Les autres passagers m’ont trouvé marrante, mais ils ignoraient qu’en même temps, je faisais un Pater et deux Ave et implorais Saint-Christophe en me disant que traverser l’Atlantique n’était au final pas si dangereux que cela.

Nous sommes allés dîner pour le dernier soir du séjour de Robin et Bettina dans un endroit sélectionné par Claude-Aline et Lionel dans un petit restaurant tenu par un couple fort sympa, lui au service, elle aux fourneaux, dans leur jardin familial.

Nous avons d’abord dù cheminer longtemps seuls dans la nuit tropicale avant d’arriver à ce qui ressemblait comme deux gouttes d’eau de mer à «Bagdad café». Nous étions les seuls clients, mais nous avons été servis comme des perles dans une huitre.
 

Il y avait un délicieux thon au menu et des légumes du jardin, le tout arrosé de bière locale.  Nous nous sommes régalés. A la fin, Ambre a demandé un peu de musique et j’ai pu me lâcher sur la piste de danse sur « Wake me up, before you go, go » pour la plus grande joie des aides de cuisine qui sont sortis m’encourager.

Le patron a ramené Bettina et Robin à leur hôtel en voiture après que nous ayons pris congé d’eux et nous avons cheminé à nouveau seuls dans la nuit, mais sous la pluie battante jusqu’à Port Saint-Charles, où nous avions amarré le bateau dans la journée.

Port Saint-Charles est un lagon situé à Six Mans Bay qui a été aménagé en abri portuaire. Il est inséré dans un luxueux ensemble résidentiel avec des postes d’amarrage pour les résidents. C’est un peu le Port Camargue des Caraïbes en plus luxueux, mais certainement en moins sympathique pour nous qui y sommes attachés.

Nous y avons passé une nuit calme après nous être dument séchés. Le lendemain matin, pendant que les hommes d’équipage, Lionel et Vincent, préparaient le bateau pour le départ, les femmes du Crazy soit désormais un quatuor de choc composé d’Ambre, de Coralie, de Claude-Aline et moi sommes parties à l’avitaillement à Massy’s, super marché repéré pour nous par Bettina avant son départ, bien mieux achalandé à ses dires que ceux de la capitale.

Nous avons pris la précaution de commander un taxi pour nous éviter l’expérience traumatisante et hasardeuse du taxi collectif.  Nous y sommes allées dans une limousine blanche, immaculée avec un chauffeur sobre et qui nous y a déposées saines et sauves. Je n’ai jamais ressenti tant d’émotion devant les rayons d’un super marché. Il y avait de tout ce dont nous avions besoin. C’était la caverne d’Ali Baba, mais au prix de son trésor. Nous avons donc dû réfréner nos envies de consommation, Vincent oserait hasarder le mot «shopping», et nous contenter de l’essentiel pour la suite prévue dans les Grenadines à Béquia.

Une fois revenues à bord avec notre précieux chargement et après un lunch sain et léger, nous avons pris la mer, l’estomac encore serein et la mine du pirate des Caraïbes, prêt à vivre une nouvelle aventure.