Derniers jours avant le départ

Mercredi 22 septembre, la  capitainerie de Port-Camargue nous a proposé de quitter notre place et de venir nous installer au quai d'honneur.

Ils ont choisi notre bateau comme nous sommes amarrés dans le port depuis près de six ans et que nous faisons partie du Grand Large Yachting World Odyssey. Nous avons accepté avec fierté et avons pavoisé notre bateau avec les drapeaux suisse, genevois et valaisan.

Le maire de Port-Camargue a fait une allocution et a rappelé que ce port est le second plus grand au monde, le premier étant à San Diego en Californie. Dès l'an prochain, un nouveau quai sera dédié pour une trentaine de catamarans et un canal aménagé à cet effet.

Je précise que souvent les catamarans ne sont pas les bienvenus dans les ports, car ils prennent énormément de place. Dans certains ports, l'accès leur est même refusé.

Xavier Desmaret, le CEO de Grand large yachting et cofondateur avec son ami Stéphane Constance, a accueilli les participants du rallye GLYWO. Nous sommes 19 bateaux à partir demain de la Grande Motte.Il y a seulement quelques monocoques Allure, Garcia et RM. L'essentiel de la flotte est composé de catamarans neufs et anciens, du modèle 45 au modèle 5X. Un GunBoat, bateau performant de super grand luxe , venant des USA nous rejoindra à Séville.

Les participants sont surtout comme nous des couples, âgés entre 50 et 70 ans à quelques exceptions près. Des hommes voyagent seul, mais ont engagé un skipper.

Certaines épouses me disent mi-figue, mi-raisin que c'est le rêve de leur mari et leur propre cauchemar..

Certains ont déjà fait un tour du Monde. D'autres, comme nous, l'expérimentent pour la première fois.

Il y a des médecins, des financiers, des scientifiques, une auteure de dessins animés pour enfants et son mari producteur, des personnes qui s'accordent un congé sabbatique ou des personnes qui ont cessé de manière anticipée leurs activités professionnelles, comme Vincent et moi.

Il y a des Français, un Italien, un Turc, des Néerlandais, une Brésilienne, des anglais, des Australiens et des Américains.

Nous nous rencontrons tous pour la première fois ce soir-là et immédiatement nous sympathisons avec les personnes dont nous faisons la connaissance.

Le soir même, nous dînons dans le bateau voisin Nop Nop qui est amarré à côté de nous et nous partageons un cassoulet au bord de Jeanne et de Lionel, sympathique couple de médecins, d'origine française. Ils ont également invité le bateau italien avec Andréa, son propriétaire et Olmo son marin professionnel…

Jeudi 23 septembre , nous récupérons la moitié de notre premier équipage à la gare de Montpellier, Laurence Dick Aune et Olivier Aune. en début d'après midi. Chic !  Ils embarquent à bord et nous aussi . Nous fermons la marina, le dernier domicile Jeanneret au bout du Rhône.

Nous recevons la visite de l'ancien responsable de la capitainerie, Michel Cavailles devenu un ami, avec sa compagne Estelle. Ils passent nous saluer à bord et prendre congé.

Peu de temps plus tard, un trio de la capitainerie, dont son nouveau responsable nous apporte un pavillon de Port-Camargue et une bouteille de champagne. Nous sommes tout émus. Nous en profitons pour les remercier pour leur amabilité. De jour, comme de nuit,  il y a toujours un bosco qui nous propose son assistance lorsqu'on pénètre dans le port.

Quel service ! Ce n'est de loin pas le cas partout.

Vendredi 24 septembre, c'est le rapport des skippers.
Nous apprenons le programme de navigation. Il est enthousiasmant.

En fin de journée, nous avons une formation donnée par Lisa McDonald au Palais des Congrès de la Grande Motte sur l'outil météorologique que la flotte utilisera, soit Predict Wind. Cet outil est précis et performant, mais il faut apprendre à l'apprivoiser notamment en mer et il va falloir nous entraîner.

Nous partons lundi 27 à midi au lieu de onze heures en vertu de la météo. Notre première destination est Barcelone. Nous prévoyons de faire l'après-midi et la nuit suivante de navigation pour y arriver.

Le début de soirée devrait être pas mal agitée, je vous raconterai dans un prochain article cette navigation.

Il est prévu ensuite de visiter Barcelone pendant deux jours, puis de partir pour Ibiza ou pour Formentera, à voir selon les conditions météo et l'envie de l'équipage.

Nous rejoindrons la côte espagnole pour nous rendre à Cadix pour autant que la horde de 20 orques qui, depuis le début de l'été, a attaqué une cinquantaine de bateaux de pêche et de plaisance en mangeant notamment leur safran, accepte que nous traversions son territoire au large de Gibraltar.

Cela fait plusieurs jours que nous avons lu cela sur les réseaux et aux actualités. Je dois dire que je ne m'étais pas préparée à ce que des killer Wales nous attaquent ! Nous avons appris que leur comportement est inhabituel et peut-être dû à la surpêche.
 

Si cela arrive, nous devons baisser les voiles, faire le moins de bruit possible , couper le moteur et ne plus bouger. J'espère que nous n'aurons pas à expérimenter la méthode.

N'est-ce pas Ambre, c'est ce que nous devions faire pour les ours ? Or, quand nous avons été confrontées à un ours noir géant dans le Yosemite Parc, nous sommes parties en courant en jetant nos barres de chocolat. J'avais été saisie d'un fou-rire inextinguible tant la situation me paraissait irréelle et improbable, ce qui t'avait rendu les choses moins dramatiques dans notre course.

Après la visite de Cadix , dont nous nous réjouissons, notre flottille remontera le fleuve Guadalquivir pendant toute une journée et la soirée pour arriver au coeur de la ville de Séville. Quel programme. Plein de visites sont agendées.

Au moment ou j'écris ce soir, je suis fatiguée, heureuse, excitée et un peu triste.  Nous passons la dernière soirée avec mes parents qui sont venus nous dire au revoir.

Notre fils Lionel est venu passer le week-end avec son amie Claude-Aline et ils viennent de nous quitter.

J'ai le coeur serré et je vous l'avoue des larmes aux yeux.  Il m'a remis une lettre de notre fille Ambre qui n'était pas présente, mais qui a écrit à notre attention. Nous ne devons l'ouvrir que demain. Je reprendrai l'écriture en début de semaine prochaine et vous narrerai nos journées de samedi et dimanche.

Le premier équipage est au complet. Blanche Schwaller et Pascal Hodel sont aussi arrivés samedi en fin de journée. C'est un jeune couple, amis de notre fils Lionel à qui nous offrons de nous accompagner pendant trois semaines comme cadeau de mariage et aussi pour permettre à Blanche qui a réussi son permis hauturier suisse d'accumuler des miles. 

Il est 18h et le soleil brille.