A bout touchant
Écrit par Fabienne le 06/12/2021
Les derniers jours se suivent et se ressemblent.
Le vent continue de souffler entre 18 et 23 nœuds et nous traversons surtout la nuit des grains dans lesquels les bourrasques peuvent monter jusqu’à 40 nœuds de vent.
Inutile de vous préciser que nos nuits ne sont pas douces et paisibles. Nous ne dormons quasiment pas entre nos quarts, vu l’eau qui s’écrase sur les coques, les drisses qui crissent. Le bruit atteint des sommets et le bateau effectue des figures de rock n’roll acrobatique que ne renierait pas le club Zou. Il bouge tellement que c’est incroyable que nous puissions marcher, cuisiner, manger, lire. Aucun de nous n’est malade. Nous avons par contre tous des hématomes par ci ou par-là pour nous être cognés quelque part.
Ce qui est certain, c’est que ce sera notre dernier week-end de traversée à bord.Les chevaux sentent l’écurie. Nous sommes toutes et tous impatients de voir la Barbade se profiler à l’horizon et de pouvoir mettre le pied à terre. Vincent nous a fait bien rire en ouvrant les paris sur notre arrivée à la « Dorade ». Évidemment, il aime tellement le poisson ! Il a parié sur lundi matin, en ce qui me concerne lundi après-midi. Robin mise sur mardi matin, Claude-Aline mardi après-midi, Bettina sur mercredi matin et Lionel mercredi après-midi. Les deux optimistes du groupe ont déjà perdu. Lundi matin, il nous reste encore 220 miles nautiques à parcourir et nous naviguons environ 200 miles par jour en ligne droite. Ici, ce n’est pas possible. Nous devons faire des « wedzets » Ce sont les plus pessimistes ou les plus raisonnables qui vont l’emporter. Paradoxalement, c’est celui ou celle qui gagne qui paiera la tournée. Je suis même prête à tester une pina colada ou un punch pour fêter notre traversée.
Il est prévu par les autorités locales que le Crazy Flavour, comme les autres bateaux de la flotte au fur et à mesure de leur arrivée, soit mis à l’isolement sur un quai. Un infirmier doit venir à bord nous faire un test rapide pour la Covid, dont nous devrions avoir le résultat dans les 30 minutes. Nous aurons pendant ce temps le droit de faire le plein d’eau, de fuel aussi si nécessaire. C’est seulement si nous sommes tous négatifs que nous pourrons dégager et aller mouiller dans une crique. Nous descendrons du bateau avec l’annexe, le Crazy Fabi, pour aller à terre. Comment va se passer ce premier contact avec le sol, la terre ferme ? Allons-nous marcher, tanguer, tomber, souffrir de vertiges ? Il est prévu dans tous les cas que les Crazy people du Crazy Flavour célèbrent festivement cette incroyable traversée, la solidarité, la fiabilité des co-équipiers et l’amitié.
A l’heure où je termine cet article, nous sommes lundi 6 décembre, 11h. Je viens de recevoir une belle vague sur le carré extérieur où j’écris. J’en profite pour souhaiter un joyeux anniversaire à mon frère Jean-Marc et à mon beau-frère Nicolas Jeanneret, frère de Vincent, qui sont nés le même jour, à deux ans d’intervalle. On vous aime.