Bouquet d'impressions sur le trajet vers Barcelone

/ BlaNCHE ET FAB

Dimanche 26, compte tenu des mauvaises conditions météorologiques, la seconde sortie de la flottille a été annulée. Nous avons ainsi passé une douce journée ensoleillée à la marina et profité de nous retrouver en famille et avec notre premier équipage. Certains se sont baignés au pied de la maison.

Lionel et Claude-Aline sont repartis déjà en début d'après-midi fort serviablement pour ramener notre véhicule à notre domicile en Valais.

Ils sont arrivés dans la nuit et sont restés pour la semaine en télétravail en montagne. Nous nous réjouissons déjà de les retrouver à mi-novembre pour la traversée de l'Atlantique, puis Ambre juste de l'autre côté, à la Barbade.

Nous avons pris congé de mes parents le soir après un délicieux repas au restaurant l'Amarette de Port Camargue. J'ai été ravie de leur attitude, car ils se montrés joyeux et enthousiastes et ne nous ont pas fait part d'angoisse ou adressé de reproche. Ils se sont dit juste très heureux pour nous et nous ont souhaité de belles aventures. 

J'avoue que le blog leur était principalement destiné et que ce sont les seuls qui ne l'auront pas lu avant de rentrer chez eux, désormais à Sion, car nous n'avons pas de wi-fi à la marina de Port-Camargue et ils y restent toute la semaine.

Lundi matin, tout l'équipage était aux taquets aux aurores. Vincent m'a laissé élégamment l'honneur de faire la manoeuvre de départ et de saluer la capitainerie en sortant de Port Camargue.

L'organisation avait annoncé que la ligne de départ devrait être franchie entre 12h et 12h15 par tous les participants. Comme bons petits Suisses, respectueux des horaires et dans la tradition helvétique du coucou, nous nous sommes tout naturellement retrouvés sur la ligne de départ que nous avons franchie en premier à 12h04. Si le capitaine prétend n'avoir pas ressenti d'émotion particulière, ce n'était pas le cas de son équipage. 

Nous étions excités comme des puces. Nous sautions de joie, nous agitions nos bras dans tous les sens pour saluer la foule amassée sur la digue, nous sonnions des cloches, nous sourions au photographe du hors bord qui prenait des photos et pour ma part, j'avais des larmes d'émotion.
 

J'en avais déjà eues peu auparavant lorsque nous avions pris connaissance Vincent et moi de la belle lettre que nous avait adressée Ambre qui n'avait pas souhaité être présente ce jour-là , mais qui nous félicitait de vivre nos rêves et nous assurait de toute sa tendresse et de son amour. Je ne vous en dirai pas plus, mais cette lettre est posée précieusement à proximité de ma couchette. J'en connais le contenu presque par coeur et je sais déjà que je la relirai souvent.

La mer était calme. Notre bateau filait au vent et un banc d'environ dix dauphins nous a accompagné un bon moment. C'était un départ idyllique. Le premier quart a été attribué à Laurence et à moi, de 19h à 21h. Notre second quart serait de 3h à 6h du matin.

La mer avait forci à 15 noeuds en fin de journée.Pour nos quarts, nous devons  nous habiller chaudement, porter une banane dans laquelle nous mettons notre portable et un cyalume, soit un tube que l'on casse si l'on tombe à l'eau et qui devient fluorescent, nos gilets de sauvetage ainsi qu'un bracelet qui déclenche une alarme MOB (man over board) lorsque l'on tombe à l'eau. A mon avis, cela doit aussi marcher for a Woman. I hope so.

Le ciel était tout étoilé quand nous avons cédé notre quart à Blanche et à Vincent, mais le vent a graduellement forci jusqu'à 30 noeuds. Impossible de pouvoir dormir dans ma couchette. Le bruit du vent, de la houle dans la structure était impressionnant et je bondissais toutes les trois  quatre minutes en direction du plafond. J'ai décidé vers 23h de me mettre en état d'auto-hypnose (merci Docteur Forster) et de me rhabiller pour me rendre utile en faisant du thé chaud pour Blanche et Vincent et en les réconfortant de biscuits au chocolat.

J'ai tenté ensuite de me recoucher avant mon quart, mais la nuit était vraiment rock’n roll acrobatique pour pouvoir dormir avant 3h, heure de notre reprise de quart avec Laurence. Nous avons apprécié que le capitaine nous fasse confiance et nous nous sommes relayées à la barre toutes les 30 minutes, tant cela représentait d'efforts physiques de garder notre cap. Je ne sais pas si c'était à cause de l'auto-hypnose, mais j'étais toute détendue et somnolente à partir de 5 h du matin. Nous étions toutes les deux ravies de regagner notre cabine à 6 h du matin, car nous étions transies de froid et fort heureusement le vent mollissait. Nous avons dormi jusqu'à midi.

Après cette première navigation, je sais que la Méditerrannée en automne n'est pas de tout repos et que les conditions changent extrêmement rapidement.

Barcelone, nous voici en vue dès 15h et amarrés à la marina Vela à 17h30. Ne croyez pas que rideau et dodo. Pas du tout. Les fourmis industrieuses doivent rincer l'eau de mer partout du bateau avec de l'eau douce et le "poutzer" propre en ordre avant de penser à pouvoir soi même se faire un brin de toilette. Voila la vie de marin. Holà.