Bonaire

Au large du Venezuela, entre les îles des Antilles néerlandaises, Aruba, Bonaire, devenues indépendantes en juillet 2007, nous avons dû opérer un choix pour des raisons de paperasse administrative et de contrôles sanitaires, (nos narines nous en sont reconnaissantes) et nous avons opté pour Bonaire.
Bingo ! Bien nous en a pris. Cette île de 12'500 habitants s’est révélée charmante, paisible et proprette. Cette brève escale sur notre route en direction de l’archipel des San Blas est un véritable coup de cœur, tant sa nature est intacte et préservée.

Les insulaires nourrissent ici une véritable préoccupation pour l’environnement qui consiste tout d’abord, pour les voyageurs sur l’eau que nous sommes, à nous empêcher d’ancrer où que ce soit, sauf cas d’extrême urgence. Bonaire a investi massivement dans les bouées de mouillage pour protéger ses magnifiques récifs de coraux.
Nous nous accrochons avant l’aube à une telle bouée sans aucun souci sachant que le dernier ouragan qui a frappé cette île bénie remonte à 1831.  Nous rejoignons ensuite une fois le soleil levé, l’une des trois marinas de l’île qui est «Harbour Village » qui se révèle une petite perle dans un joli écrin, avant d’accomplir les formalités nécessaires à l’administration des douanes, puis à l’immigration. Nous devons tous nous présenter personnellement.
Les autres îles néerlandaises incluent Saint Marteen, Saba et Statia. Les locaux les appellent « la cour des vents ». Nous sommes bien plus à l’ouest, à Bonaire, à côté de ses îles sœurs Aruba et Curaçao.
Sa langue ou dialecte local est le « papimento », mélange principalement de portugais, d’espagnol et de néerlandais, très tonal. Nous sommes accueillis partout avec l’expression : « Bon bini ».
Sa monnaie est le florin, mais c’est le dollar américain qui a été choisi comme devise pour le commerce local et non l’euro et c’est le même taux de change qui est appliqué depuis 25 ans : 1US dollar pour 1,78 NAf.
Le tour de l’île s’effectue en quatre heures. Mieux vaut louer un véhicule 4x4, plutôt que la petite Suzuki blanche dont le coffre embouti ne se fermait plus et qui plongeait dans les nids de poule profonds sur le réseau routier de l’île.
 

J’ai contracté à mon nom et j’ai foncé avec cette « Titine » sur les pistes soulevant une poussière d’enfer, mon véhicule grinçant et toussotant. Vincent m’a dit se prendre pour le co-pilote d’un Paris Dakar. Pour ma part, j’ai pensé en me marrant, à la religieuse à la frétillante cornette au volant de sa 2CV dans les films de de Louis de Funès. J’ai ainsi pris une petite revanche sur les frayeurs vécues dans les taxis collectifs à la Barbade, avec la musique et la weed en moins tout de même.


Nathalie a loué le même véhicule que moi, mais en noir et a emmené de son côté Clarence, son prince charmant, ainsi que Jacques faire de la planche à voile. La plupart des lieux dédiés au surf à Bonaire ont lieu sur la côte ventée de l’île dans un large lagon appelé « Lac Bay », protégé de la mer par une barrière de corail. Le site est splendide et ressemble à une vaste baignoire bleue émeraude et turquoise, sur laquelle les surfeurs ont le bonheur de faire de la vitesse sans aucune oscillation à la surface de l’eau. Pour les plus téméraires à la recherche de vagues, il faut s’aventurer à l’extérieur du lagon aux fins de se confronter à la force des éléments.


En dehors de la ville de Kralendijk, c’est un peu le bush australien ou un décor de western, rempli de cactus. Des iguanes assez dodus lézardent un peu partout, des biquettes sauvages et de nombreux ânes paissent en toute liberté, cherchant désespérément un peu d’herbe pour apaiser leur faim.

La petite capitale de Bonaire s’étale au bord de la mer des Caraïbes. Ses maisons sont colorées de tons pastels, tous différents et tutoient le ciel sur deux étages maximum. Tous les toits sont recouverts de tuiles rouges et l’impression qui s’en dégage est charmante. Son front de mer est incroyablement beau, l’eau est cristalline et en se promenant, l’on distingue ses fonds qui regorgent de poissons colorés, variés et divers. C’est la plus pure et claire eau des Caraïbes et selon les guides, un des plus beaux sites de plongée au monde.


Les deux principales activités de Bonaire sont liées au sel et au tourisme.


Le snorkeling, la plongée sous-marine et le wind-surf sont les trois activités sportives proposées sur l’île ainsi que l’observation des oiseaux, car Bonaire répertorie plus de 200 espèces, dont une grande colonie de flamants roses.  A la vue des montagnes de sel, des marais salins et des flamants, nous nous sommes crus l’espace d’un instant, revenus à Port-Camargue, dont nous continuons à porter le pavillon dans notre gréement.


Nous visitons aussi deux sites sur lesquels des cases ont été érigées pour permettre aux esclaves africains, affectés autrefois aux travaux liés à la récolte du sel, de dormir. Je vous rassure, ces lieux sont inoccupés depuis longtemps. Nous nous arrêtons aussi pour un déjeuner local au village de Rinçon dans lequel Vincent déguste un iguane grillé. C’est peu goûteux, plein de petits os et je ne l’envie pas. Je commande pour ma part le poisson local qui est du wahu et qui me semble bien plus savoureux.

L’après- midi, nous plongeons au site dit « Thousand steps », et descendons des marches qui sont taillées dans la pierre et qui permettent d’accéder à la mer en bas d’une falaise dans un beau site de plongée.


Le deuxième soir de notre séjour à Bonaire, Clarence et Nathalie nous invitent dans un endroit idyllique, proche de la marina, qu’ils ont découvert avec un restaurant qui donne sur un autre site de plongée. Des plongeurs sont justement en train d’effectuer une plongée de nuit sous nos yeux. Nous nous régalons d’une cuisine raffinée et très élaborée avant de regagner le bateau pour une seconde nuit dans la marina.


Vincent ainsi que Sébastien et Valentine, les skippers d’Impossible et Jost et son fils Thomas de Surya décident de se lever tôt le lendemain matin vers 7h pour partir plonger avec bouteilles dans un des sites réputés comme le plus beau de « Klein Bonaire ».

Je précise encore que la pêche autre que traditionnelle est interdite sur toute l’île et que les plongées sont limitées à deux heures autour des bouées qui signalent les beaux spots pour permettre à tout un chacun de s’y adonner. Jacques et moi ainsi que Patrick co-équipier d’Impossible et Ann co-équipière de Surya décidons de les accompagner au même endroit, mais avec masques et tubas.
Clarence et Nathalie souhaitent pour leur part profiter de dormir un peu avant les prochaines nuits de quarts et de terminer leur visite de l’île après leur journée de wind-surf. Ils proposent fort gentiment de nous réapprovisionner en produits frais, dans un magnifique supermarché local qu’ils ont repéré, ce que nous acceptons avec reconnaissance, ce d’autant plus qu’une seule personne par famille a le droit de pénétrer dans le magasin pour faire les courses, Covid oblige.
Chaque équipage des trois voiliers monte sur son annexe avec son matériel pour parcourir quelques miles nautiques pour nous rendre au site de plongée.
Le Crazy Fabi arbore fièrement sa belle couleur mauve, mais son moteur n’est guère puissant et nous arrivons bons derniers.
Les plongeurs avec bouteilles sautent à l’eau en premiers et les plongeurs en tubas les suivent. J’étrenne une nouvelle tenue achetée en Martinique, composée d’un short et d’une camisole d’un millimètre d’épaisseur, qui me protège à la fois des UV et qui me permet de maintenir une température corporelle agréable, car il fait froid au bout d’un moment en plongée même dans des eaux si chaudes.
J’ai aussi chaussé de nouvelles palmes très courtes que Valentine m’a recommandées vu ma morphologie très cambrée et qui évitent que j’aie mal au dos après une heure ou deux de plongée. Patrick qui est instructeur de natation vient corriger ma position dans l’eau. Je vais devenir un vrai dauphin !
La faune sous-marine et la flore sont magnifiques et Patrick détecte sous les rochers de véritables merveilles qui n’apparaissent pas au premier coup d’œil : longs serpents blancs qui se coulent dans le sable, poissons trompettes et toutes sortes de variétés de poissons multicolores. Ce monde sous-marin est fantastique. Nous sommes tous heureux de le découvrir. Pour ma part, je suis soulagée de n’avoir pas rencontré de barracudas, dont on m’a pourtant indiqué qu’ils sont nombreux dans le secteur…
Pour fêter nos trois jours passés si rapidement et agréablement à Bonaire, les équipages au grand complet des trois bateaux présents du GLYWO partagent un repas quelque peu texan dans un restaurant sur le front de mer en ville avec nachos et spare ribs. Impossible et Crazy Flavour partent le lendemain pour les San Blas. Surya va chercher sa famille retournée en Belgique quelques semaines à Curaçao.
Bye, bye Bonaire, belle île. On ne t’oubliera pas, mais nous voguons toutes voiles dehors en direction des San Blas à la découverte des Amerindiens Kunas.