Barbade, Carlisle Bay, par Fabienne

Dès le lendemain matin de notre arrivée à la Barbade, nous quittons le quai où nous avons été assignés pour les formalités d’entrée et surtout le test covid.

Nous voguons jusqu`à Carlisle Bay, dans laquelle nous lâchons notre ancre. 

Nous nous retrouvons quatre à bord : Vincent, Claude-Aline, Lionel et moi.

Bettina et Robin nous ont quitté le matin à 8h pour finir la semaine sur la terre ferme et se reposer avant leur retour en Suisse. Ils ont prévu de se rendre dans leurs cabinets médicaux respectifs avant leur congé de fin d’année et ont besoin de dormir et de reprendre des forces. Nous aussi par ailleurs bien que nous n’ayons pas de patients, de clients ou de justiciables à voir d’ici Noël.

Je me rends en ville en dinghy à Bridgetown avec Vincent. Nous devons nous réapprovisionner, notamment en eau après la traversée et procéder à un nouvel avitaillement avant de partir pour les Grenadines avec Ambre et Coralie que nous attendons. 

Les inévitables nettoyages ont été effectués avant que nous ne quittions le bord. 

Nous pénétrons par un canal dans le centre urbain et dans ses quartiers résidentiels bordés de petites maisons de type colonial. L’île a célébré le 1erdécembre son indépendance qu’elle a obtenue depuis 1966 et ne dépend plus de la Couronne britannique. Elle est toutefois restée dans le Commonwealth. Quelques plaisantins ont branché des installations électriques pour l’occasion qu’ils ont laissées traîner et nous devons chercher une place d’accostage, en évitant tout risque de finir électrocutés.
 

Il ne semble pas qu’il y ait de date arrêtée pour « désarmer » le port de plaisance qui se trouve du coup assez vide. Il faut être un peu crazy pour s’y aventurer. Nous laissons de côté la zone portuaire avec ses entrepôts qui ne présentent pas d’intérêt pour accoster près de Broad Street, la principale rue commerçante où se trouvent des boutiques taxe free et des bâtiments pas mal délabrés qui lui donne un air de petite ville de province anglaise un peu défraîchie, comme une vieille aristocrate.

A peine à terre, c’est le choc. La poussière, la chaleur, les coups de klaxon incessants, la foule qui déambule dans les rues, la face dissimulée par les tristes masques de la pandémie.Les Barbadiens ou Bajans sont originaires pour 95% d’entre eux d’Afrique, issus de la déportation massive au 17 ème siècle d’esclaves en provenance du continent africain pour travailler dans la mono culture sucrière qui a fait de la Barbade le plus grand producteur de sucre de toutes les colonies anglaises de l’époque.
 

L’infime minorité blanche est issue pour sa part en grande partie de condamnés politiques ou religieux « déplacés » par les gouvernements britanniques successifs sur cette terre d’exil.

Dans les hauts parleurs de la rue centrale retentissent des chants de Noël à tue-tête. Des femmes portent des petites cornes de rennes rouges sur la tête. Il y a des guirlandes de Noël partout, des sapins qui clignotent. Je me sens dans une confusion totale et je ne sais plus très bien où je suis. Mon corps, mon esprit et mes émotions sont dissociées. Vais-je arriver à me recentrer ?

Andy, le local de l’étape choisi par Victor nous emmène acheter une carte SIM dans la périphérie.  Nous pénétrons dans un cabanon où nous restons des heures pour palabrer sans vraiment de succès. Je me dis pour ma part que je vais acheter « sunrise cockpit » pour les Caraïbes et que je téléphonerai avec WhatsApp uniquement.

Il nous désigne ensuite un super marché et nous emmène boire une bière locale pour Vincent, une water coco pour moi et nous fait goûter des boulettes de poisson.

Dans le super marché, c’est le choc. Tout est importé, est stocké en très petites quantités, et est affiché à des prix astronomiques qui rappellent ceux pratiqués à Genève.Comment font les gens d’ici pour s’approvisionner ?

Nous décidons de faire le strict nécessaire de courses pour nous permettre de vivre les jours suivants à bord.

L’après-midi, je la passe dans l’eau à observer les tortues et à découvrir avec Claude-Aline, Lionel ainsi que Vincent trois épaves de bateaux, dans lesquels nichent des bans de petits poissons multi colores et de beaux coraux. Nous allons à terre au très select Yacht club « Barbados » pour lire nos messages et e-mails car nous n’avons eu aucune nouvelle pendant 17 jours.

Le lendemain, en milieu de journée, je prends un taxi avec un co équipier de Jams, Patrick, qui se rend à l’aéroport prendre un vol retour pour Francfort, vol par lequel Ambre et Coralie vont arriver. J’attends des heures à l’aéroport dans le hangar qui sert de lieu d’arrivée : le bruit est infernal, il n’y a aucun banc, aucune chaise pour s’asseoir. Cela ne fait rien. Je vais revoir Ambre et j’observe les agents locaux venus chercher leurs clients, les familles qui attendent l’un des leurs, les représentants des hôtels.

Ca y est, c’est ma fille et Coralie. Nous nous sautons dans les bras. Elles sont toutes excitées, mais aussi bien fatiguées. Il est 19h locales et elles se sont levées à 5 h ce matin heure suisse.

La nuit tombe et il est temps pour moi de m’interrompre. Il est 18h. Tout devient noir d’un coup.

Je termine demain sur la Barbade avant de vous emmener dans les Grenadines.

Baci. Je me suis recentrée, enfin…