Après Méditerranée et Atlantique
Écrit par Vincent le 26/02/2022

Ça y est. Nous sommes à Shelter Bay (Photo à quai). Une marina connue dans le monde entier. C’est l’antichambre du canal de Panama, côté Atlantique.
A ce sujet savez-vous que, contrairement à ce que tout le monde croit, la traversée du canal depuis l’Atlantique se fait d’Ouest en Est ? En effet, allez voir sur une carte : à cet endroit l’isthme de Panama fait un coude. Amusant de penser qu’il faudra mettre un peu d’Est dans notre cap, alors que notre route va de l’Est pour aller à l’Ouest.
Ce moment privilégié, après notamment les San Blas, nous souhaitions le mettre à profit pour faire une forme d’arrêt sur image(s) et comptabiliser certaines données. C’est aussi le moment de mettre en exergue certains points, à la veille du retour en Suisse de Fabienne, qui prendra le vol Air France de Panama pour rejoindre l’Europe le 4 mars.
Les chapitres qui suivent sont pris sans ordre d’importance et ne dénotent aucune préférence d’aucune sorte.
- ABANDONS. Il y a ceux qui continuent le rallye, soit 24 bateaux, à ce jour, et ceux qui ont abandonné ou qui n’ont pas rejoint le GLYWO. Par rapport à Magellan, le score est encore honorable. Mais cela fait déjà pratiquement 25 % des bateaux qui ne seront pas à l’arrivée en 2024... Et il y a encore quelques incertitudes, même si apparemment le grave accident subi par Great Circle à Aruba ne devrait pas mettre en péril sa participation à la suite du rallye.
- PAYS VISITÉS. A ce jour, cela parait presque peu, nous avons visité les pays/îles suivants : France, Espagne, Lanzarote, Ténériffe, La Barbade, Saint Vincent, Sainte Lucie, La Martinique (France encore), Bonaire (Pays-Bas), San Blas (province indépendante du Panama) et Panama.
- EQUIPIERS. Fabienne et moi avons successivement accueilli les équipiers suivants, dans l’ordre de leur venue sur le bateau : Laurence, Olivier, Blanche, Pascal, Tanja, Carlos, Nicolas, Philippe, Louis, Bettina, Robin, Lionel, Claude-Aline, Coralie, Ambre, Birgit, Dominique, Jacques, Nathalie et Clarence, soit au total 20 personnes qui ont fait une partie du parcours jusqu’au canal de Panama. Tous sont repartis des images plein les yeux, et nous ont laissé des messages magnifiques dans notre livre d’or.
- DISTANCE PARCOURUE. Comme déjà annoncé, nous estimons que notre loch, qui mesure la distance parcourue, n’est pas totalement fiable. A lire celui-ici nous aurions accompli 6350NM, soit près de 12’000 km. Mais nous savons que c’est en réalité davantage qui a été parcouru, car notre loch est plutôt pessimiste. Je pense en tout cas de l’ordre de 5 à 10 %, ce qu’on pourrait nous rapprocher de 7000 NM.
- HEURES MOTEUR ET CONSOMMATION DIESEL. Là, pas d’erreur possible. Nous avons, que ce soit sur l’un ou sur l’autre, fait marcher nos deux moteurs pour un total de 303 heures. Pour 718 litres de diesel, soit pas beaucoup plus d’un plein de nos deux réservoirs diesel qui totalisent 540 litres. Cela revient à une consommation par moteur de l’ordre de 2,3 litres de l’heure, ce qui est assez faible. Compte tenu du nombre de manœuvres de port ou de mouillages qui nécessitent l’utilisation simultanée des deux moteurs, notre bilan consommation (et donc émission carbone) est donc très bon. Il est vrai que nous n’avons presque jamais utilisé l’un de nos moteurs pour recharger nos batteries en électricité.
- MARINAS. Nous avons finalement peu visité de ports/marinas, après avoir quitté « notre » marina de Port Camargue. Barcelone, Valence, Carthagène YPC, Motril, Marina Alcaidesa à Gibraltar, côté espagnol, Puerto Americana (Cadix), Séville (encore que ce n’était pas une Marina, mais un quai ), Chipiona, Puerto Calero (Lanzarote), Santa Cruz Marina, de Tenerife, Bridgetown Marina (La Barbade) , Saint Charles (La Barbade), Marina Z’abricot ( La Martinique), le Marin (La Martinique), Harbour village Marina (Bonaire), Linton Bay Marina (Panama) et Shelter Bay Marina (Panama). Soit sur un total en 5 mois, seulement 17 marinas/ ports. Souvent pour un séjour de moins de trois/quatre nuits. Le prix d’une nuit de Marina a oscillé entre 40 euros et 120 euros. Le reste des nuits hors Marinas fut passé en mer ou à l’ancre dans des mouillages.
- NUITS DE NAVIGATION EN MER. Nous avons passé 37 nuits en mer depuis le départ de La Grande Motte. Dont pour l’essentiel, 5 pour rejoindre les Canaries, 17 pour traverser l’Atlantique, 3 pour gagner Bonaire depuis la Martinique et 5 pour aller de Bonaire à Linton Bay, Panama. Hormis ces trajets mentionnés ci-dessus, il n’y a pas eu plus qu’une nuit de navigation consécutive, soit au total 7 nuits « individuelles » de navigation.
- CASSE. Très peu de casse au total. Le plus gênant fut l’impact dans notre coque avant bâbord en traversant l’Atlantique. Mais aucune entrée d’eau. Et une réparation de premier ordre menée à Carénantilles, à la Martinique. Autrement, les deux taquets de drisse de Grande Voile et de Gennaker qu’il fut extrêmement difficile de faire acheminer à temps depuis l’Europe à la Martinique. Pas de problème de voile, si ce n’est un accroc mineur sur le bas du spi. Et aucune écoute, drisse ou amarre ne nous a lâché. Nous venons à Shelter Bay de remplacer notre patte d’oie (ensemble de deux amarres qui relient l’avant de chacune de nos coques à la chaîne de l’ancre) qui devenait usée. Nous n’avons jamais eu de vol, ni de perte de matériel, notamment sur notre dinghy, le fameux « Crazy Fabi ».
Au niveau du ressenti, il parait difficile à ce stade d’arriver déjà à des conclusions définitives, après environ la moitié de notre parcours escompté.
Les impressions suivantes doivent à notre avis être relevées et devront être complétées.
- Au fur et à mesure de notre progression, nous sommes devenus de plus en plus indifférents à la force du vent. Ces derniers jours nous avons navigué à deux, Fabienne et moi, sur Crazy Flavour, par des vents oscillants entre 25 et 30 kn. Aucun souci. Nous préparons bien nos navigations, et si nous sommes au portant, nous prenons d’emblée un ou deux ris. Où selon le trajet, nous nous contentons d’une voile d’avant, sachant que nous naviguons facilement à 7/9 kn sous seul génois au portant et que c’est souvent alors plus facile de descendre au vent.
- Plus nous avançons, et plus nous avons pris confiance dans nos moyens et capacités. Et naviguer à deux nous parait désormais assez naturel, si c’est à la journée. Même les manœuvres à deux dans des marinas paraissent désormais aisées.
- La navigation hauturière reste la plus aventureuse et celle qui nous permet de tutoyer l’élément marin pendant plusieurs jours et nuits en continu. Elle fascine. Elle envoûte. Elle coupe le lien avec la terre. Mais elle est aussi assez usante et souvent accaparante. Il faut savoir alterner avec des séjours dans des archipels comprenant des pauses dans des mouillages enchanteurs. Ce fut le cas aux San Blas. Une bénédiction après une belle traversée en deux temps depuis la Martinique. Dans une moindre mesure, ce fut également le cas après le trajet Séville-Canaries à Lanzarote.
- Les relations avec les participants du GLYWO se sont développées et approfondies. Des connivences, voire des habitudes se sont créées. Elle ne demandent qu’à s’intensifier. Des relations amicales resteront clairement au-delà de ce rallye.
- Notre envie de communiquer avec vous n’a pas diminué depuis le lancement de ce blog. Vous êtes maintenant 400 abonnés et nombre d’entre vous réagit à tel ou tel article. Cela nous encourage à continuer jusqu’à la fin prévue de notre aventure fin juillet 2022. Et nous permet d’espérer que la lecture de notre prose continue de vous intéresser.